A chacun ses chiffres et ses références au passé. Comme d’habitude avec de grosses lunettes de grossissement pour les uns et une cure toute impressionnante d’amaigissement pour les autres…« Comme j’aime » ! 1,1 million de manifestants selon la police dont seulement 80.000 dans la capitale contre plus de 2 millions et 400.000 à Paris pour la CGT ! Force est de reconnaître que le résultat de la mobilisation est un succès à taux plein pour les organisations syndicales. Mais pour quoi faire ces prochaines semaines ? Chaque camp de se renvoyer des références et au taux de grévistes dans le secteur public (avec en première ligne les gaziers, électriciens, le rail et l’Education nationale) au passé des grandes grèves liées à des réformes successives de la retraite. Enfin celles qui les arrangent ! Un habillage malhonnête à l’image de tous les mensonges énoncés par les mêmes qui depuis de semaines nous roulent dans la farine avec des chiffres « bidons ». Et là ils ne manquent pas d’énergie ! Une grosse tempête oui, mais un tsusami, non, il ne faut tout de même pas exagérer en dépit des cris de victoire d’une gauche syndicale (pléonasme) et politique qui se croit revenue à ses plus belles heures. « Historique, exceptionnelle »: les superlatifs ont fusé comme des pétards de feu d’artifice.
C’est sur la durée des journées d’actions prévues d’ici au vote que l’on verra si le gouvernement met un peu d’eau dans son vin lors de la discussion du projet à l’Assemblée nationale et au Sénat. Au final ce sont bien les parlementaires qui décideront et non la rue. A priori. N’en déplaisent à tous les souffleurs sur les braises qui ne rêvent que de chienlit et d’actions fortes et qui ne parlent que « d’une réforme illégitime » et de renverser le pouvoir en place.
Touché mais pas coulé par cette première manche, la seconde étant prévue le mardi 31 janvier, l’exécutif, qui a aussi accumulé les maladresses et une certaine suffisance ne peut pas reculer sinon, c’est le sabordage définitif assuré.
Après une journée néanmoins éprouvante, le camp gouvernemental a dû apprécier une éclaircie nocturne et joyeuse en provenance du siège du parti socialiste. On se croyait revenu au psychodrame opposant, il y a déjà un bail, les deux femmes du PS, Martine Aubry, la maire de Lille contestée par sa rivale Ségolène Royal, qui, pendant longtemps accusa la « mère des 35 heures » de lui avoir volé sa victoire pour le secrétariat du parti. Un crépage de chignons (façon de parler) reproduit il y a dix ans entre « mâles » dominants à l’UMP avec l’élection d’un…cheveu du maire de Meaux, Jean-François Copé sur François Fillon. Un grand moment encore dans toutes les mémoires avec cette fameuse commission de contrôle qui scella le début de la chute vertigineuse du parti gaulliste.
Déjà dans les abîmes électoraux depuis la dernière présidentielle, le PS vient de s’offrir une nuit exceptionnelle avec un suspense insoutenable entre les deux finalistes, le sortant Olivier Faure et son challenger, Nicolas Mayer-Rossignol, le maire de Rouen, auteur d’une belle « remontada » (une hypothèse que je n’écartais pas il y a quelques jours). Ca s’est joué à moins de 300 voix sur 23.000 votants…c’est dire l’audience misérable de cette élection interne. Et fève dans la galette les deux hommes ont revendiqué la victoire à l’issue du vote, alors que le jour n’était pas encore levé, l’élu de la métropole rouennaise ne s’est pas gêné pour dénoncer les tripatouillages du scrutin dans un certain nombre de fédérations acquises à Olivier Faure. Comme aussi au bon vieux temps des tricheries et magouilles pagnolesques à Marseille. Le bourrage des urnes reste un sport très prisé chez les socialistes.
Quel scrutin ubuesque. Qui quel que soit au final le résultat entériné, le « pauvre » Olivier Faure ne sort pas grandi. Il faisait pourtant quelques heures plus tôt davantage le malin le député « vendu » à la NUPES, tout heureux de se glorifier des chiffres des manifestations de rues.
A cinquante-cinquante ou presque, sa nouvelle gouvernance, si elle se confirme, déjà bien entachée, ne démarre pas sous les meilleurs auspices. C’est quand même ballot: la seule victoire certaine obtenue par un dirigeant socialiste vire au cauchemar. Même assurés enfin d’une victoire les socialistes ou ce qu’il en reste, ont fait très…fort pour se ridiculiser. Un feuilleton croustillant à suivre très probablement!