Ancien très médiocre élève en mathématiques, je suis bien le plus mal placé pour me gausser des mauvais résultats de nos jeunes dans cette discipline scolaire dans tous les classements internationaux. On a peut-être néanmoins trouvé en la circonstance le futur prodige et titulaire de la médaille Fields, l’équivalent de l’or olympique en sport. L’interview du nouveau « Che Guevara » des lycées parisiens, 15 ans (question physique on lui en donnerait 12) ) a eu de quoi faire sourire dans les chaumières. Un grand moment de fou-rire. Comme quoi les grandes manifestations contre le projet de retraite comme celle d’hier, peuvent aussi apporter le meilleur dans le grotesque. Surtout au niveau des chiffrages. Sans gaz hilarant.
Il est bien formaté le futur révolutionnaire. Il n’y a pas d’âge il est vrai pour bien apprendre ses leçons. Une assurance exceptionnelle lorsqu’il annonce fièrement avec certitude le blocage de plus de 200 lycées sur le territoire. Ils sont deux avec lui devant les grilles de son établissement. Autant que les poubelles renversées sur le trottoir. Il tient solidement le siège pendant que les copains sont partis avec les camarades défiler. Il a seulement multiplié par vingt le nombre d’établissements du second degré en grève en France. Sur plus de 3.000 lycées sur l’ensemble du territoire, ça ne pèse pas-encore-très lourd. Et pourtant le « poupon » prénommé Manès, leader syndical de la « Voix lycéenne » (une belle pépinière ou nursery de gauchistes bon teint en devenir) dans son « bahut », n’en démord pas: On est tous unis avec les organisations syndicales et les partis politiques, on est une machine et Macron, on va le faire plier ». Il sera peut-être député de la France insoumise dans une dizaine d’années. Il a dû afficher un poster de son idole, Louis Boyard (qui a commencé à se faire connaître des médias comme ancien grand « aboyeur » des lycées au même âge et député LFI depuis juin dernier) dans sa chambre.
Les chiffres parlons-en encore et toujours. Il n’y aurait eu, selon la cabinet spécialisé « Occurrence » qui depuis plusieurs années travaille…pour le compte des grands médias nationaux, que 60.000 manifestants dans les rues de Paris. Ca semble plutôt très léger alors que la CGT envoie du très très lourd avec 500.000 personnes et plus de 2,5 millions en France.
On se moque vraiment de nous dans le genre mensonges éhontés. « Philou » Martinez et ses troupes doivent avoir des prix de gros chez Afflelou ou Optic 2.000 pour des lunettes grossissantes. Même chose mais en version amaigrissante côté ministère de l’Intérieur. Quel ridicule affligeant. Une chose est sûre et ne prête guère à la moindre contestation: la mobilisation était encore très forte dans les métropoles régionales et surtout les villes moyennes et même petites comme la symbolique grande capitale de la Creuse, Guéret. La principale caractéristique de cette forte affluence, même si de l’autre côté, les grévistes étaient plutôt à la baisse significative dans le public, fort de ses gros bastions de professionnels des arrêts en gare et en classe, comme le rail et l’éducation nationale. Même qu’en face chez moi, sur une terre hautement révolutionnaire, à Saint-Malo, l’école maternelle privée était aussi fermée! De l’inédit, probablement. Deux journées de grève, ça commence à en faire réfléchir plus d’un, question finances. Et alors, trois ou quatre, et même davantage, bonjour les dégâts sur la fiche de paie. Ce n’est jamais le moment, mais là encore moins.
Les contribuables parisiens, loin d’être tous derrière Anne Hidalgo, qui déplorent par ailleurs les dettes abyssales de la Ville, ont pu se réjouir que leurs impôts se trouvaient bien employés avec l’installation de deux bandeaux sur la façade de l’Hotel-de-ville en soutien au mouvement social. Est-ce bien le rôle d’une collectivité locale et pas la moins symbolique d’afficher ainsi une si belle neutralité politique. On peut raisonnablement penser que la « belle Anne » qui tente de sortir du trou après sa désastreuse présidentielle (il y avait de quoi être ému de la voir en première ligne hier avec ses grands amis socialistes, verts, insoumis et communistes, bras dessus, bras dessous et écharpes tricolores en vue) se montrera généreuse à l’égard de ses employés grévistes ! Ils pourront remettre le couvert ces prochaines semaines.
Il en faudra tout de même davantage pour booster les chiffres de la mobilisation dans le cortège parisien. De nombreux provinciaux préfèrent désormais battre le pavé dans leur région où les risques de débordements sont heureusement moindres. Pourvu que pareille situation perdure dans le temps…
Et comme l’a dit la nouvelle centenaire française, 112 ans, interrogée sur sa longévité exceptionnelle: » j’ai beaucoup travaillé dans ma vie ». De quoi casser le moral de bien des syndicalistes…Quelle ignoble provocation. Ca doit encore être un coup à la Macron, cible privilégée dans les cortèges avec sa Première ministre. Avec notamment cette pancarte amusante : « Macron, tu nous mets 64, nous on te…mai 68 » . Toujours l’inflation des chiffres !