Lots de consolation pour certains, qui épouveraient les plus grandes difficultés à se faire élire ou réélire dans leur circonscription d’origine, comme l’ancien ministre RPR, Thierry Mariani, passé depuis au RN, tremplins pour d’autres appelés ensuite à devenir ministre ou secrétaire d’Etat à gauche comme à droite, depuis cette magnifique invention des parlementaires élus de l’étranger, ils sont aujourd’hui onze députés et douze sénateurs (on se demande bien pourquoi il y en a un de plus !) à défendre les intérêts de nos compatriotes expatriés. Je me suis toujours régulièrement interrogé, depuis 13 ans, sur la légitimité et surtout la pertinence de l’existence de ces parlementaires globe-trotters ! Il a fallu que l’un des leurs soit invalidé par les sages du Conseil constitutionnel, vendredi, pour « irrégularités et manoeuvres diverses » et ses polémiques pour que l’on en parle un peu plus.
L’intéressé, Meyer Habib, réprésentant notamment les français de l’étranger habitant en Italie et Israël, ça fait une grosse circonscription, a appris son invalidation en pleine visite d’un musée parisien avec son grand ami Premier ministre de l’Etat hébreu, Benyamin Netanyahou, dont il est très proche.
Elu depuis 2010, le député apparenté au groupe des « Républicains » ne pourra donc pas participer au débat sur les retraites. Qui démarre aujourd’hui à l’Assemblée nationale, avec l’examen d’une « urne » bourrée (c’est bien sûr une image) de près de 20.000 amendements dont 18.000 pour la seule France insoumise. Pour un impossible débat volontairement cadenassé pour forcer le gouvernement (si LR ne lui apporte pas toutes les voix nécessaires pour faire passer la réforme) à utiliser le 49.3.
Carton rouge définif donc pour celui qui avait été réélu avec une courte avance de 193 voix sur sa rivale « Renaissance » en juin dernier. Il lui est repoché d’avoir fortement aidé et « manipulé » ses électeurs et électrices à faire le bon choix au niveau du vote électronique. Ses premiers mots à l’annonce de cette invalidation ont été « Si la France m’abandonne, je n’exclue rien ».
Si, a priori, la carrière politique du franco-israélien semble bien compromise il se pourrait qu’il obtienne rapidement une autre compensation complétée de l’immunité…diplomatique, celle-là, car, comme on en parle dans les « milieux dits autorisés », il est très possible qu’il représente dans un avenir rapproché le pouvoir très marqué à droite de Tel-Aviv, avec l’obtention du poste d’ambassadeur de ce pays dans la capitale parisienne. Une belle promotion même si c’est très rare qu’elle se prolonge comme la durée des mandats électoraux en France. Sauf accident bien sûr.
Cette invalidation a forcément donné lieu à des commentaires parfois déplacés et polémiques comme ceux de l’insoumise élue de la Seine-Saint-Denis, Clémentine Autin, jamais avare d’attaques à connotation jugée antisémite avec un tweet sarcatistique titré « Mazel Tov » (bonne chance) suivi d’un second tout aussi discutable.
Se rendant compte très vite de sa bourde et ne souhaitant pas alimenter davantage les palabres, elle a retiré dans les plus brefs délais ses messages au goût douteux. On imagine aisément le raffut qu’aurait entraîné une sortie éventuelle d’un député du Rassemblement national se félicitant de l’exclusion d’un de ses collègues de l’extrême gauche par un tonitruant, « Inch Allah »…Quel scandale cela aurait été dans les travées de l’hémicycle !