Les superlatifs de l’horreur. Une normalité atroce dans un monde de plus en plus violent pour tenter de comprendre une telle anormalité. Un nouvel impensable touchant l’univers scolaire (déjà pas très rose) est revenu nous broyer trois ans après l’assassinat d’un prof décapité dans un collège de la région parisienne pour des raisons de terrorisme islamique.
Un illuminé fou d’Allah-encore un-qui à la sortie de l’établissement ôta la vie à un enseignant dans la pire des atrocités. L’affaire Samuel Paty. De si triste mémoire. Là le cadre est tout autre: un collège-lycée catholique de bonne réputation de Saint-Jean-de-Luz. Tranquille comme Baptiste avec cet ado de 16 ans jusqu’alors sans histoire, un bon élève passant à l’acte meurtrier pour poignarder son enseignante d’espagnol âgée de 52 ans. Pourquoi elle ? Devant ses camarades de classe horrifiés. Avant de se réfugier dans une classe voisine et de remettre sa lame d’une dizaine de centimètres, toujours sans rien dire ou presque à un autre enseignant. Si ce ne sont ses premiers mots: « j’ai eu des voix cette nuit me demandant de tuer ma professeure. Il s’est dit possédé. A charge pour les experts médicaux et les enquêteurs d’essayer de faire toute la lumière sur cet assassinat qui ne touche bien évidemment pas que les proches de la malheureuse victime et la communauté scolaire du Pays basque toute entière, mais bien évidemment toute la France comme l’ont rapidement déclaré le ministre de l’Education nationale, présent très vite sur les lieux puis le chef de l’Etat . Comment ne pourrait-il pas en être autrement !
Sans avoir la décence d’attendre davantage comme pour d’autres affaires, les charognards de la politique dont déjà commencé à exploiter ce drame en portant des accusations tellement faciles en faisant aussi des comparaisons malvenues avec l’affaire Paty.
Comparaison n’est pas raison. Et comme d’habitude les accusateurs publics pointent la responsabilité d’une façon générale sur l’Etat et l’insuffisance des moyens dévoués à l’éducation, sans en savoir davantage. A la fois sur l’intéressé, son parcours et son environnement familial. A qui peut-on faire croire que le meurtrier s’est réveillé un beau matin, même après une nuit agitée par ces bruits avec l’intention de tuer l’enseignante. Il devait y avoir tout de même quelques signes avant-coureurs d’un très sérieux dérangement psychiatrique.
Les premiers experts interrogés hier ont commencé pour certains à…délirer. Comme trop souvent. D’autres ont remis le couvert en parlant des conséquences du Covid et ses périodes successives de confinements pour expliquer en partie le mal-être de nos scolaires. Qu’est-ce qu’ont dû, en comparaison, endurer des millions de nos aînés du même âge réveillés pendant quatre ans par les bombardements allemands puis des alliés pendant l’Occupation, la disparition de leurs parents, les déportations, et tant d’autres atrocités de la guerre…C’était quand même plus douloureux qu’un « enfermement »de quelques mois certes très désagréable !
C’est sûr que ces périodes ont été très compliquées pour tout le monde et notamment les écoliers et l’ensemble de la communauté scolaire, mais de là à assurer avec une assurance troublante qu’elles ont généré à elles seules les pires névroses pour les plus fragiles, il y a peut-être de quoi, là encore, faire preuve d’une plus grande prudence.
Que n’ont pas eu bien sûr plusieurs responsables politiques comme Marine Le Pen, la première à dégainer de façon très maladroite et hâtive. Une question d’habitude sur de tels dossiers liés à la sécurité et surtout l’insécurité.
Plus surprenante en revanche l’expression politicienne du maire LR de Cannes et président de l’Association des maires de France, David Lisnard, un potentiel candidat à droite à la prochaine présidentielle. Que l’on a connu meilleur et plus posé dans le passé ! Il n’a probablement rien à gagner à concourir à une « course à l’échalote » de la surenchère même si, il est vrai, le pouvoir a failli ces dernières années pour tout ce qui relève du régalien…
C’est bien triste néanmoins que ces épisodes de violence extrême si dramatiques dans leur répétition soient souvent récupérés politiquement (même si on connu bien pire)…alors que dans le même temps les organisations syndicales de l’Education nationale ont fait preuve, à l’inverse, dans les premières heures, d’une grande mesure inattendue et d’une plus grande patience dans l’attente d’éléments avérés concernant l’état psychologique de l’assassin…