C’est les nerfs, docteur !

C’était assurément une belle réussite en terme de mobilisation dans les rues avec des artères bien bouchées, mais de là à employer le terme historique il y avait peut-être un grand pas à ne pas franchir. La France ne s’est pas retrouvée hier à l’arrêt. N’en déplaise à ceux qui espéraient le « grand soir » ou la Révolution. Au ralenti oui, mais pour mettre l’économie à genoux, pas vraiment. Nous en sommes encore bien éloignés. Mieux vaut être néanmoins prudent.

Les « marcheurs » (pas ceux de la majorité présidentielle) ont certes envahi en masse la rue à l’appel de l’intersyndicale toujours unie mais le taux de grévistes même dans les bastions les plus solides de la contestation, n’a pas atteint les chiffres escomptés par les organisations syndicales. Ca patine un peu dans l’embrayage. Et ce d’autant plus que la jeunesse n’a pas suivi. Une fois encore. Le point le plus positif dans cette marée montante qui pouvait être crainte à juste titre par l’exécutif. Qui de tous temps a toujours eu peur des débordements des lycéens et étudiants. Une petite quarantaine de lycées plus ou moins bloqués sur l’ensemble du territoire ! Quelle claque pour le « jeune morveux », le député insoumis Louis Boyard. Il pourra toujours y avoir un ou deux millions de manifestants dans les rues, si les jeunes classes ne mordent pas, l’impact des mobilisations restera toujours relatif !

Le gouvernement, qui ne doit aucunement pour autant fanfaronner, peut être en partie soulagé, même si les jours prochains risquent encore d’être douloureux principalement pour les actifs les plus modestes avec la reconduction de ces grèves des transports pour rejoindre leur lieu de travail. La galère pour des millions de nos compatriotes ne faisant pas partie des privilégiés pouvant bénéficier le cas échéant du télétravail.

Ce sont toujours les mêmes qui trinquent, ceux que les organisations syndicales prétendent vouloir défendre en priorité. Une belle intention initiale transformée en vaste escroquerie. Ce ne sont jamais les plus aisés qui souffrent le plus. Un seul exemple symbolique dans la France profonde, l’Ardèche, et plus précisément la ville d’Annonay, la terre d’élection du ministre du Travail, Olivier Dussopt, avec plus de 2000 foyers de cette cité privés d’électricité pendant plusieurs heures. Les victimes de ces coupures scandaleuses au nombre desquelles figuraient certainement des manifestants n’avaient rien demandé et ont été victimes des agissements de quelques syndicalistes forts de leur pouvoir de nuisance et blocage.

Et pendant ce temps-là les sénateurs de droite et du centre ne sont pas coupés en revanche dans leur élan. Au contraire, ils accélèrent le mouvement pour l’examen de la réforme dont l’article 7 sur le recul d’âge de la retraite qui pourrait être voté dans les prochaines heures. En dépit de cris d’orfraie de leurs collègues de gauche la NUPES (à l’exception bien sûr de la LFI non représentée) de la Haute-Assemblée furieux de cette célérité alors qu’ils avaient encore sous le coude des centaines d’amendements. Les opposants politiques de gauche ne cessent de jouer la montre afin surtout que les parlementaires ne puissent pas s’exprimer une bonne fois pour toutes par un vote. Surtout pour permettre à la colère de s’exprimer dans la rue le plus longtemps possible. Une tactique peu glorieuse là aussi.

C’est tout aussi drôle de voir aujourd’hui les syndicats réclamer d’urgence une entrevue à l’Elysée avec Emmanuel Macron. Ne seraient-ils plus aussi sûr de leur grande victoire à réclamer un rendez-vous à « M. le maudit » ? Surtout la CGT qui, à plusieurs reprises, a refusé toute rencontre avec le chef de l’Etat pour évoquer cette réforme. Si les portes du palais présidentiel risquent de rester fermées, celles du gouvernement restent en revanche accessibles. Pour quoi faire puisque chaque camp refuse de caler ?

Ils ne sont de toute évidence, chez LR, pas trop rancuniers du mauvais geste déplacé du Garde des sceaux qui, à deux reprises, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, quelques heures plus tôt, avait répondu à l’accusation du président du groupe des Républicains, Olivier Marleix, député de l’Eure-et-Loir, en lui adressant deux bras d’honneur. Un effet de manches plus facile dans l’enceinte d’un prétoire qu’un hémicycle. Un double geste qui selon l’accusé ne visait pas personnellement l’intéressé. C’est les nerfs, docteur ! Un emportement certes peu glorieux pour un ministre chatouillé sur sa présomption d’innocence dans son différend avec le syndicat de la Magistrature. Un pur régal pour les oppositions et toujours les mêmes éditorialistes et animateurs zélés, « bouffeurs » de la Macronie, qui dès hier en ont fait des… »caisses » sur ce nouvel incident de séance incontestablement détestable et survenu pas au meilleur moment pour la majorité présidentielle, même si le coupable a présenté ses excuses ! La tête de Dupond-Moretti réclamée tant de fois pour ses excès de verbes ou de gestes, n’est toujours pas tombée…Je me suis déjà trompé: je n’aurai pas parié en effet à sa nomination que son appartenance ministérielle en raison de sa personnalité de soliste et son caractère très entier excéderait quelques petits mois. Il est toujours là ! Un autre bras d’honneur à ceux qui veulent sa peau depuis son entrée dans le gouvernement. Il a le cuir solide l’ex-avocat baptisé en son temps « Acquittator » devenu « Ministrator » !

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