Le « Père la victoire » Antoine Rufenacht n’est plus! Une empreinte de géant…

On le craignait depuis de nombreux mois. Même avant le second tour des élections municipales, fin juin. Le Père la victoire havrais, l’homme de la renaissance de la ville portuaire en 1995, Antoine Rufenacht, n’est plus. Il vient de disparaître à l’âge de 81 ans. Sa dernière apparition publique remontait au 14 juillet dernier. Le jour de la fête nationale à laquelle il avait souhaité participer aux côtés de son successeur, Edouard Philippe, à qui il avait passé le témoin en 2010, quinze ans après sa victoire historique qui lui avait permis de mettre fin au règne communiste commencé trente ans plus tôt.

La statue du commandeur et bâtisseur pesait si lourd dans sa ville de coeur qu’il avait réussie à arracher à la gauche après trois tentatives infructueuses. Comme son ami Jacques Chirac (vainqueur néanmoins à son troisième essai présidentiel!) cette même année qui lui réserva sa première visite officielle au Havre et dont il fut le directeur de campagne en 2002, encore une fois victorieux. Comme quoi la volonté et la persévérance sont parfois récompensées après tant d’efforts! Un peu comme Jean-Louis Debré, à Evreux.

Que de souvenirs aussi personnels depuis plus d’une vingtaine d’années, professionnels, bien sûr, avec sa présence à Evreux, notamment en tant que parrain du député-maire RPR de l’époque, Jean-Pierre Nicolas, décoré de l’insigne de chevalier de la Légion d’honneur et quantité de réunions politiques dans le département de l’Eure, où il aimait se rendre fréquemment surtout pendant sa présidence de la Région Haute-Normandie.

Un homme d’une grande fidélité présent aussi lors des obsèques d’un très proche au funérarium du Havre en 1999, sa présence réjouie lors de la victoire de son dauphin réélu dès le premier tour des municipales en 2014. Son fragile état de santé, ajouté peut-être à quelques liens distendus avec le Premier ministre d’alors, ne lui permit pas de jouer un rôle physique de premier plan lors du dernier scrutin Il se contenta d’une visite éclair avec Jean-Baptiste Gastinnes, dans la permanence de Monsieur Edouard, dans les premiers jours de mars…Quelques jours avant le confinement. Une présence morale suffisamment puissante néanmoins dans une ville qui aujourd’hui le pleure. Amis comme adversaires politiques d’une vie au service de ses administrés après une carrière professionnelle dans le négoce, tout particulièrement, dans le rôle de « capitaine d’industrie » dans sa ville natale. Qu’il préféra, quitte à décliner des propositions ministérielles tentantes après cette double élection, plus importantes que ces « marocains » obtenus…après le départ de Jacques Chirac de Matignon, sous deux gouvernements de son successeur, Raymond Barre en 1976.

A peine élu maire, en juin, il ne voyait pas dans le même temps accepter les propositions du nouveau chef d’Etat, en 1995! Et abandonner ses électeurs et électrices quelques semaines plus tard…pour assouvir des ambitions nationales. Bien éloignées de son graal enfin obtenu.

A la barre de la cité maritime, porte de l’Europe, Antoine Rufenacht, le grand bâtisseur protestant, sut la transformer, la placer sur de très bonnes bases en quinze ans, à partir aussi de son classement au patrimoine de l’UNESCO. L’une de ses autres grandes victoires. Un homme d’Etat qui laisse tant de traces marquantes dans le coeur des havrais et une cité fière de son ancien maire. Un grand homme de bien aujourd’hui pleuré pour l’oeuvre accomplie! Et quelle empreinte. Celle d’un géant pour un élu, le seul à avoir infligé à un autre baron rouennais, Laurent Fabius, sa seule défaite élective lors de son élection à la tête de la Haute-Normandie!

Laisser un commentaire