« Je ne pense en permanence (d’élue très certainement) qu’à une seule chose: venir te décapiter dans ton officine ». Sinistre fantasme. Tel est le message tellement sympathique et original de voeux reçu samedi dans sa boîte emails de l’Assemblée nationale, par Agnès Firmin Le Bodo, députée havraise AGIR et porte-parole du parti « Horizons » fondé par Edouard Philippe. Pharmacienne dans la vie de tous les jours ou presque. « C’est notre démocratie qui est en danger. Il est temps que la classe politique dans son ensemble réagisse », rejointe par plusieurs de ses collègues, s’est-t-elle exprimée, non sans raison, hier soir, notamment sur LCI.
Son voisin LREM de l’Eure, Bruno Questel, régulièrement ciblé lui aussi, avait reçu il y a quelques jours un message de la même trempe, même si là, l’arme choisie n’était pas la même, selon le mot « doux « : On va te buter avec la kalash ». Certains, peut-être un peu moins violents, font davantage référence aux lendemains de la Libération, en 44. « On va venir te tondre… » Eric Ciotti peut dormir tranquille. C’est déjà fait. Ses consoeurs députées, beaucoup moins…si j’ose dire ! Même si la situation, j’en conviens, n’a rien de drôle.
Ils et elles sont une cinquantaine de parlementaires à avoir reçu ces deux dernières semaines quantité de menaces. Odieuses. Certaines mises à exécution comme ce garage d’un député macroniste incendié il y a quelques jours. Un « front commun » hélas impossible, surtout en période de campagne présidentielle, ne serait pas de trop pourtant pour arrêter de banaliser la gravité de ces atteintes orales et écrites, menaces et agressions de toutes sortes subies par les élus de la République, qui, à partir de demain, oseront voter (« quels horribles salauds » ! ) pour le pass (e) vaccinal à l’Assemblée nationale. Quelle intimidations minables. Sans parler des vidéos suggestives de sombres abrutis et nervis de la droite la plus réactionnaire armés mimant des exécutions de responsables politiques. Aucun parti n’est épargné dans cette course à l’ignoble. Certes, on pourra me rétorquer que plus on en parle, plus ça donne des idées de buzz à ces décérébrés. Il serait d’ailleurs intéressant aussi que tous les candidats à la présidentielle exhortent leurs militants, certes à un niveau de gravité moindre, à être très vigilants sur leurs actions et propos véhiculés sur les réseaux sociaux. Attiser la haine, surtout chez les extrêmes, ne doit pas être un sport permis. Il mérite tout autant d’être puni. Sévèrement.
Quel délire affolant ! Aussi. La France se serait , selon un quarteron d’éditorialistes nationalistes en « fusion nucléaire », abîmée avec cette histoire de drapeau aux couleurs européennes sous l’Arc de Triomphe ? Une installation qui, au départ, n’était prévue que pour l’espace d’un week-end et finalement retirée nuitamment comme je m’en faisais l’écho hier. Nos compatriotes n’ont-ils pas en effet d’autres sujets de préoccupations autrement plus prioritaires et sérieux ? A entendre les différents « aboyeurs » la patrie serait en danger avec cette décision ! Qui aurait été l’événement majeur de l’actualité pendant cette trêve des confiseurs. Mais pas celle de l’outrance…Comme cette phrase d’Eric Ciotti « Emmanuel Macron n’aime pas la France ». Et son candidat de 2017, François Fillon, en défendant la pétrochimie russe (il a rejoint un géant de ce pays comme administrateur) il n’aime pas non plus la France ? Ridicule…
Comme cette polémique stérile sur un drapeau européen qui préoccupe davantage la classe politique et médiatique que le peuple. Et puis notre Arc de Triomphe, fini d’être bâti en 1836, selon une volonté de Napoléon pour rendre hommage à ses valeureux grognards vainqueurs d’Austerlitz, n’est-il pas assez grand, compte tenu de son âge pour choisir (c’est une provocation je le reconnais) son habillage. Il a bien été « emballé- un sujet artistique aussi à polémiques- l’été dernier et sailli et violenté, des faits autrement plus graves, il y a deux ans par des voyous habillés de jaune…En la circonstance c’était plutôt faire référence à Waterloo. Tout devrait être affaire de nuances !