Ville d’accueil, le Havre l’est assurément. Ce n’est pourtant pas une raison pour se l’approprier de façon imprudente comme l’a fait Jordan Bardella, le numéro un bis du Rassemblement national dans les colonnes du quotidien régional « Paris-Normandie » la veille du déplacement du RN pour une fête de la Nation décentralisée dans la cité portuaire de la Manche. Une erreur probable de circuit car les liens sont probablement plus forts avec l’autre métropole normande Rouen où la Pucelle fût brûlée sur son bûcher à une époque où Le Havre n’existait pas encore puisque créée par un autre roi, François I er, il y a un peu plus de 500 ans !
« On est ici chez nous » a pourtant siffloté le président du parti mariniste en faisant référence à l’ambition municipale de son mouvement au Havre en vue d’une prochaine « conquête de l’ouest » et tout particulièrement en Normandie, une « terre d’avenir ». Y aurait-il des indiens en Normandie comme au far-west américain. C’est Cochise Morin qui va être heureux !
Cette belle espérance ne pouvait pas tomber dans l’oreille d’un sourd. En l’occurrence Edouard Philippe, qui, avec tout l’humour qui le caractérise, a ironisé sur cette déclaration: « Il y a beaucoup d’arrogance à venir dans une ville et se déclarer y être chez soi. Monsieur Bardela connait bien les couloirs des deux parlements de Bruxelles et Strasbourg, mais je ne suis pas sûr qu’il connaisse bien les rues du Havre« .
Qu’à celà ne tienne, « Doudou » pourra toujours lui faire parvenir un plan de sa ville où aucun élu mariniste d’ailleurs ne siège au conseil municipal (seulement 8 % au dernier scrutin). Très vite « survolée » hier par la cheftaine qui a passé son temps à faire un réquisitoire sur la médiocrité de son adversaire qui l’a battue néanmoins sèchement à deux reprises. Les propositions « d’Alice-Marine au pays des merveilles » on les attend encore. C’est plus facile de surfer sur la grogne générale et de ne rien dire qui fâche trop l’électorat. Un vide sidéral mais hélas payant tout au moins dans les enquêtes d’opinions. Ca paie davantage de jouer la grande muette, notamment sur la réforme des retraites.
C’était donc « une journée exceptionnelle du 1 er mai » comme l’a déclaré en fin de soirée hier la nouvelle « papesse » de la CGT, Sophie Binet. Des propos quand même très déplacés et hors sol, vu l’ampleur des dégâts constatés. Se félicitait-t-elle du chaos émeutier constaté avec une rare violence à Paris, Rennes, Nantes, Lyon. Des villes placées sous la coupe sinistre de seulement quelques milliers d’exités impunis qui partout ou presque et du début à la fin n’ont pour but que de harceler et casser du flic, voire le tuer, détruire du mobilier urbain, vandaliser, incendier un immeuble d’habitation et piller des magasins qui ont la malchance de se situer régulièrement sur le chemin pavé des plus mauvaises intentions des cortèges syndicaux. Qui ne sont évidemment pas responsables de ces débordements. On peut comprendre aisément la colère et l’usure des commerçants qui depuis des années et pour des raisons diverses, morflent.
Les symboles du capitalisme honni ne suffisent plus en effet à assouvir l’appétit et la rage destructrice de ces « dégénérés » et de leurs complices filmant et photographiant avec un enthousiasme tout aussi débordant, ces exactions commises par des militants de l’ultra-gauche. Jusqu’à même les applaudir. Comme cette image d’un fonctionnaire de la compagnie d’intervention de la préfecture de police de Paris « en feu » après le lancement d’un cocktail molotov et très grièvement brûlé au second degré au visage et aux jambes. Entre autres. Tant que le droit ne sera pas accordé à l’Etat de procéder à des interdictions de terrain des fauteurs de troubles et casseurs très majoitairement identifiés, contrairement aux hooligans qui eux peuvent être privés de stade ! La censure était passée par le Conseil constitutionnel en 2019 hostile à des interdictions préventives ! On voit le résultat depuis des mois, voire des années.
Cette journée donc exceptionnelle marquée certes par une audience encore très forte de cette 13 e manifestation (pas très porte-bonheur) en terme de bilan avec sa centaine de blessés parmi les forces de l’ordre à Paris (plus de 400 sur l’ensemble du territoire) ne s’est tout de même pas transformée en raz-de-marée. N’en déplaise à Sophie Binet et consorts, qui, de toute évidence ont principalement retenu l’importance numérique des défilés mais occulté tout le reste. C’est sidérant cette illusion d’optique. Qui au final sert avec ce feu d’artifices de violences le pouvoir exécutif. On peut manifester contre une réforme majoritairement rejetée par nos compatriotes, mais encourager l’appel à l’insurrection sans cesse renouvelé par Jean-Luc Mélenchon, complice très identifié, et encore hier dans les rues de Paris, pourrait très vite s’avérer très contre-productif…
PS: Je lance un appel solennel et surtout un clin d’œil à la générosité nationale pour compenser les pertes d’exploitations de vente de muguet des camarades cégétistes et communistes, dont un grand nombre, vu l’ambiance, ont dû replier leurs étals répartis sur l’ensemble du trajet notamment parisien, bien avant l’heure prévue…Merci les black blocs !
Un quatorzième feuilleton sans muguet est d’ores et déjà prévu le mardi 6 juin avec un nouveau débarquement des partisans du chaos. En rien comparables aux libérateurs de notre pays !