Un vrai décompte médiatique de contre-la-montre digne du Tour de France cycliste avec sur la rampe de lancement de départ un Premier ministre qui jouait la course de sa vie politique avec la présentation de son plan retraite. Avec un léger retard sur l’horaire et une intervention de près d’une heure. Un plan très sans « baguette magique » mais bien construit pour au final un « retour aux sources de notre république et non pas un saut dans l’inconnu » pour reprendre l’expression du Premier ministre.
Une partie de poker qui semblait partiellement gagnée avec aussi la juste sortie d’un éditiorialiste, Alain Duhamel. « On peut parler d’un projet audacieux sous une mer de parapluies ». Et puis, la grande douche et patatras avec la colère des deux leaders de la CFDT et UNSA, parlant d’une « ligne rouge clairement franchie sur l’âge pivot à 64 ans » et d’une probable hypothèse d’un engagement beaucoup plus sérieux et d’un affrontement direct avec le gouvernement dans la rue.
La centrale syndicale de Laurent Berger rentrera dans les prochaines heures dans la danse des manifestations et désordres en tous genres. D’où cette impression de grand oral plutôt réussi dans la présentation de cette réforme, mais raté puisque les syndicats dits réformistes se sont montrés très critiques et déçus.
Edouard Philippe est lui resté courageusement sur l’utilité et la nécessité de cet âge pivot à 64 ans et a parlé aux Français et non pas aux syndicats. Son grand tort peut-être. Un casus belli selon Laurent Berger. Peu importait la réaction forcément négative de FO, de Sud-Rail et de la CGT, qui, à partir de jeudi recevront probablement le prompt renfort des troupes des syndicats réformistes. D’où l’échec incontestable du locataire de Matignon qui aurait dû faire davantage preuve d’hypocrisie! La confiance attendue s’est transformée en véritable défiance. Avec en corollaire la poursuite et même en pire la galère pour des millions d’usagers des transports en commun (à l’invisible service minimum) et qui, hélas, vont connaître de jours encore bien sombres.
La partie de bras de fer va forcément se durcir entre les organisations syndicales, qui, une fois encore, se focalisent principalement sur le seul maintien de leur pré carré des régimes spéciaux et un gouvernement, qui, en dépit de la tempête annoncée, ne doit pas lâcher la barre. En dépit du non-soutien pivot de Laurent Berger dont l’étoile ne risque pas de briller dans les sapins de l’Elysée et de Matignon. Les fêtes de fin d’année s’annoncent difficiles. Reste à savoir si le coup de force syndical sera bien longtemps supporté par les « masses laborieuses » injustement prises en otage! Jusqu’à quand le « dictat » de la rue ?
Le Parti communiste, sans rire, appelle à une forte mobilisation des plus jeunes. Collégiens et lycéens, voire pourquoi pas les classes primaires, mobilisez-vous pour défendre dans la rue vos futures retraites! Encore que les culottes courtes l’hiver venu, ca peut pincer. Le ridicule ne tue pas. On est parti pour une nouvelle épreuve de force sur le pavé comme en 1995. A voir si la majorité silencieuse le restera bien longtemps. La bataille de l’opinion est bien (?) lancée sur les rails…avec des syndicats tellement peu représentatifs, hélas (mais qui à la faute ?) dans notre pays. Stop ou encore ? La France est si prospère qu’elle peut s’offrir économiquement un désordre sans nom sur une nouvelle longue durée, avec un slogan tout trouvé: « bloquer toujours plus pour gagner toujours moins ».