Leurs devoirs de vacances sont tout trouvés. Ils devront labourer sans relâche le terrain entre terre et mer en fonction de leur géolocalisation aussi politique. Pour préparer au mieux leur élection ou réélection. On ne peut pas dire dans l’immédiat que le climat soit au beau fixe dans les camps de la droite et du centre dans deux des départements normands, l’Eure et la Seine-Maritime. Où l’on avance jusqu’alors en ordre dispersé, façon puzzle. Un remake des « Tontons et tatas flingueurs »
Les hostilités ont été lancées en premier par le tout niveau ministre des Outremers, Sébastien Lecornu, qui rajouterait bien un nouveau titre à son impressionnante-pour son âge-carte de visite: celui de devenir…sénateur, tout en respectant le célèbre train que l’on prête aux parlementaires de la Haute-Assemblée. L’ancien maire de Vernon et président du Conseil départemental de l’Eure, postes qu’il a lâchés successivement pour monter en grade, avant de devenir secrétaire d’Etat, puis ministre d’Edouard Philippe et de son successeur, se verrait bien à horizon plus ou moins éloigné dans le fauteuil très convoité de Gérard Larcher. Pape avant même d’être cardinal. Une question d’habitude pour l’homme fort du département de l’Eure, qui, s’il était élu, resterait bien au « chaud » dans son ministère des territoires plus tropicaux, les palmiers, les bougainvilliers, les cocotiers, les bananiers…plutôt dans un premier temps que le Palais du Luxembourg moins exotique mais néanmoins très « couru » pour ses ors. Il sera accompagné fin septembre d’une nouvelle transfuge des « Républicains » (là-aussi une question d’habitude dans l’Eure) la sénatrice sortante Nicole Duranton, surtout très présente sur le terrain depuis le début de son mandat à visiter inlassablement ses électeurs. Les grands et tout particulièrement depuis un mois les petits nouveaux, qui seront appelés à voter à Evreux, fin septembre. Une opération séduction déjà bien lancée. Ici comme ailleurs!
La main tendue de Sébastien Lecornu au centriste Hervé Maurey, tête de liste de l’équipe d’union de l’actuelle mandature, n’a pas trouvé d’écho favorable. L’ancien maire de Bernay n’entend pas jouer les faire-valoir de l’ogre outremarin. Aussi se positionnera-t-il avec son équipe et fort d’un bilan que pas grand nombre doit lui contester.
Il pourra de toute évidence compter sur la fidélité de ses maires (encore qu’en politique rien n’est jamais certain!) surtout ceux de l’ouest du département, avec aussi l’assentiment et les encouragements de l’homme fort de la Normandie réunifiée, un autre Hervé, nommé Morin, celui-là! Le bastion centriste de Louviers et de son agglo devrait aussi lui apporter nombre de suffrages. L’ambiance et le choix cornélien, en revanche, risquent en revanche d’être davantage tendus à…Evreux, terre d’élection de la sénatrice Duranton et de son maire républicain, Guy Lefrand, qui a déjà envoyé quelques piques à son adresse. Et comme on sait que ce n’est pas le grand amour entre celui qui fut en son temps député sous les couleurs de l’UMP en remplacement de Bruno Le Maire, ministre dans le gouvernement Fillon, on ne prend grand risque en « supputant » que sa voix, ne portera pas en direction de sa collègue conseillère municipale et de son grand ami Sébastien Lecornu, soutien très discret, certes, mais tout de même de la liste « marcheuse » aux municipales ébroïciennes. Beaucoup trop récentes pour être déjà oubliées! Une grande partie de son équipe majoritaire sera aussi très partagée dans son choix, même si bien sûr aucune consigne de vote ne sera donnée par le premier magistrat ébroïcien. Officiellement.
Dans le département voisin de Seine-Maritime, ça coince aussi entre les anciens alliés d’hier. Une liste d’union n’est à l’heure pas actée. Loin s’en faut. Ca bataille fort en coulisses et ce d’autant plus que la sénatrice républicaine, Agnès Canayer, n’envisage pas autre chose et c’est bien logique que la liste d’union ne respecte pas les territoires. Suivez son regard, comment les deux sortants rouennais, Pascal Martin et Catherine Morin-Dessailly, laisseraient-ils derrière eux l’élue havraise et soutien de l’ex-Premier ministre, Edouard Philippe, grand vainqueur des municipales dans sa ville. Surtout après la nouvelle déroute des élus de droite et du centre à Rouen. Et lorsqu’on y ajoute la perte de Bois-Guillaume! Le bilan parle de lui-même. D’autant plus désastreux qu’elle figurait sur la liste défaite de Jean-Louis Louvel et n’a rien pu faire pour éviter pareille catastrophe avec une droite et un centre divisés en trois le 15 mars! Cerise sur le gâteau, la sénatrice havraise fait campagne en duo avec celui qui, avant de faire son entrée au Sénat, présidait aux destinées du conseil départemental de Seine-Maritime. Lui aussi plaide pour une représentation du territoire. Il ne verrait aucun inconvénient à jouer les « facilitateurs » en se plaçant en numéro deux d’Agnès Canayer. Ce qui n’est pas pour déplaire à l’ancienne présidente des Républicains en congé de parti depuis l’élection municipale où elle s’est rangée, sans coup férir, derrière Edouard Philippe.
Attention danger pour la sénatrice rouennaise élue la première fois en 2002, même si en principe et compte tenu de l’absence de bouleversement électoral, la majorité sénatoriale de Gérard Larcher, en Seine-Maritime, comme dans l’Eure, conservera selon toute probabilité, ses trois élu(e)s. Tout porte néanmoins à croire que le…Duc de Normandie, Hervé Morin, en vue de l’échéance électorale régionale relativement proche, veille à ce que sa majorité ne parte trop en vrille aux sénatoriales!