« Be, mon cadet ». Une réplique de « Fufu » dans la « Soupe aux choux » pourrait être reprise avec la sortie furibonde de notre président en déplacement au Liban et en Irak. Une caméra passait par là et la scène repasse en boucle dans notre beau pays. Il faut reconnaître que le chef de l’Etat n’y a pas été avec le dos de la cuillère, mais plutôt avec un fusil d’assaut, en recadrant publiquement (une erreur) un journaliste de la presse écrite française. En l’occurrence Georges Malbruno, grand reporter au « Figaro », une plume reconnue pour ce tout qui touche le Proche et le Moyen-Orient. Un spécialiste loin d’être un dangereux « illuminé » qui connait d’autant plus ces pays pour les avoir parcourus à de nombreuses reprises pour son métier. Dont l’une contre son gré et pendant 124 jours avec son collègue journaliste, Christian Chesnot, lors de leur prise d’otages d’août à décembre 2004, sous la présidence de Jacques Chirac qui les accueillit en hommes libres à quelques jours des fêtes de fin d’année sur un tarmac à Villacoublay.
L’un de ses successeurs avait-il en mémoire cet épisode douloureux de la carrière professionnelle de son accompagnateur, pour le mettre plus bas que terre en terre étrangère ? Un recadrage en forme d’humiliation. Son crime: avoir écrit une article ayant pour titre « Le pas de deux d’Emmanuel Macron avec le Hezbollah », un mouvement politico-armé considéré dans nombre de pays comme une organisation terroriste, qui fait la pluie et le très mauvais temps de couleur sang depuis plusieurs décennies dans cette partie du monde si troublé. Peu importe le contenu au final. Il a de toute évidence déplu fortement au président de la République (ennuyé pour ses efforts diplomatiques au Liban ?) qui s’en est pris avec une violence extrême au « coupable » jugé « d’irresponsable, non professionnel et mesquin auteur d’une faute grave de déontologie ». Un courroux d’une belle franchise, certes, mais qui n’avait pas sa place en un tel lieu et en pareille circonstance. De par son outrance. Et ce n’est pas là un vieux réflexe d’ordre corporatiste à l’égard d’une profession qui me fut chère pendant près d’une trentaine d’années à mon plus petit niveau de « localier » de la presse régionale. Et que je ne défends pas lorsqu’elle est indéfendable. Ce qui lui arrive trop souvent, au demeurant.
Ce n’est peut-être pas une coïncidence ou un simple hasard si ce coup de sang présidentiel public a eu lieu dans un pays arabe, où l’on aime bien l’autorité du chef. Une autorité souhaitable mais pas en toutes circonstances et mal venue par le ton employé. Si « l’agresseur » avait de toute évidence préparé son attaque, totalement préméditée, l’agressé, non préparé à parer le coup, lui paraissait sonné par la sentence qu’il en tourna les talons sans piper mot. Ce n’était pas la peine d’en rajouter. On peut visiblement blasphémer (ce qui est bien) mais pas critiquer. Et s’en prendre bêtement à la liberté d’expression.
A propos de clash médiatique, je préfère et de très loin celui du président Jacques Chirac lors d’un mémorable déplacement à Jérusalem où il rabroua vertement en anglais les forces de sécurité israéliennes l’accompagnant de trop près… non loin du Mur des Lamentations…Une lamentation assez drôle et légitime, celle-là, qui est restée dans l’histoire. La séquence d’Emmanuel Macron à Beyrouth, elle, ne risque pas de l’être même si le ton employé à l’égard d’un reporter constitue une grande première. On s’en serait bien passé! Pour l’image de notre pays. On l’a vraiment connu meilleur, notre président…Comme son cher prédécesseur, François Hollande, à l’écrit, « Un président ne devrait pas dire ça ». Il n’avait pas tort, en ce domaine, le président « normal ». Et il est bien placé pour l’avoir payé au prix cher.
P.S: Quelle affaire bidon! Celle de l’erreur de débutant de l’encadrement de l’équipe du maillot jaune, Julian Alaphilippe, ravitaillé avec un bidon à 17 kilomètres de l’arrivée de l’étape du Tour de France. Une manoeuvre interdite dans les 20 derniers kilomètres. Ce que devait aussi savoir l’expérimenté champion, qui, sur tapis vert, a donc écopé de 20 secondes de pénalisation. Et par voie de conséquence perdu son beau maillot jaune désormais sur les épaules du britannique Adam Yates.