On ne va pas cacher notre joie avec vingt quatre heures d’avance. C’est en effet avec un pourcentage proche selon toute probabilité de 100 % de participation que les nouveaux sénateurs et sénatrices seront élus ce dimanche. Alors que dans le même temps, leurs petits camarades de l’Assemblée nationale, lors du second tour des six législatives partielles, dont une en Seine-Maritime, ne mobiliseront péniblement que 10 à 15 % des électeurs.
D’accord je vous l’accorde: c’est d’autant plus facile dans la mesure où le vote des grands électeurs pour la Haute-Assemblée est obligatoire sous peine d’amende pour les affreux abstentionnistes. On pourrait en rire comme pour le schéma amusant et très pédagogique dans sa story facebook diffusé par le candidat-sénateur, Sébastien Lecornu, dans l’Eure, à l’attention principalement de ses grands électeurs.
Sébastien Lecornu, homme de terrain et de réseaux marche en quelque sorte sur les traces (un peu par ses méthodes) d’un glorieux ancien résistant gaulliste, René Tomasini, entré en résistance en 1941 et arrêté par la Gestapo deux ans plus tard, alors qu’il dirigeait le cabinet du préfet de Correze, nommé Bernard Lecornu (aucun lien de parenté) et considéré pendant sa carrière politique comme l’ancien « parrain politique » de Charles Pasqua et du jeune Jacques Chirac (disparu il y a un an jour pour jour). Il est devenu en un rien de temps le grand…maître tout puissant et craint du département, à l’image de « Toto » qu’il n’a pas connu et pour cause du fait de son âge et de la disparition de ce dernier alors qu’il n’était pas encore né.
L’ancien très proche de Bruno Le Maire, avec lequel il a pris ses distances pour voler de ses propres ailes en toute indépendance, nous sort à quelques heures du scrutin et ce n’est pas un hasard (éprouverait-il quelques craintes?) un appréciable petit croquis pour appeler, ses électeurs comme Giscard naguère, à effectuer le « bon choix, Mesdames, bon choix Messieurs ». Et je n’oublierai évidemment pas les demoiselles. Il évoque en effet et non sans raison le fait qu’avec le mode de scrutin, les deux têtes de listes, Sébastien Lecornu et son adversaire centriste, Hervé Maurey, sont quasiment assurées d’être élus. Reste le troisième siège, objet de toutes les convoitises entre les deux rivaux qui depuis plusieurs semaines se tirent une sacrée « bourre ». Et qui en fonction du résultat, pourrait avoir des conséquences futures!
Le Ministre de l’Outre-Mer, toujours maire de Vernon et patron du Département, même s’il ne peut pas en porter le titre, ne voit qu’un seul enjeu entre sa fidèle sénatrice républicaine, Nicole Duranton, « femme de terrain ayant choisi l’unité pour son département » écrit-il et le « vilain » socialiste (je rassure mes fidèles lecteurs-grands électeurs en nombre dans l’Eure, il ne l’a pas écrit) Timour Veyri, conseiller d’opposition à Evreux. De quoi effectivement troubler les pires élus réactionnaires de l’Eure. Je plaisante bien sûr!.
Objections au pluriel, votre honneur, car « Seb » oublie au passage que Nicole Duranton retournera dans toutes les hypothèses au Sénat même avec un moins glorieux contrat précaire, puisque le patron n’a pas l’intention d’abandonner son poste de ministre (ce qui en soi n’a rien de condamnable). La retraite, ce n’est pas pour demain pour le jeune ministre. Aussi, s’est-il assuré une place bien au chaud en vue d’un nouvel objectif prestigieux pour « après-demain »: la présidence du Sénat.
Mairie de Vernon, Département, bientôt le Sénat, les places bien au chaud, s’accumulent…Un vrai jeu de bonneteau. Encore qu’il ne faille pas occulter les talents de l’intéressé pour sa capacité à se faire élire et réélire.
Il oublie tout autant le gourmand à la ligne de jeune homme qu’il est, que l’enjeu du troisième siège concerne une autre femme: la colistière de Hervé Maurey, maire de Saussay-la-campagne, qui, en seconde position, pourrait aussi « matcher » pour le poste. D’origine finnoise, Kristina Pluchet, agriculture de profession, dont l’oncle par alliance, Alain Pluchet, a aussi siégé au Palais du Luxembourg, à la place de…René Tomasini (ancien député, sénateur, secrétaire d’Etat sous Chirac en 1974, maire des Andelys, entre autres) bénéficie visiblement d’une très bonne image. Elle pourrait en cas d’élection, devenir l’une des pointures politiques de l’Eure. Une perspective évidemment pas de nature à rassurer celui qui défendra très probablement son titre en jeu par personne interposée en mars prochain lors des départementales! D’où cet oubli bien compréhensible qui n’a rien du hasard.
Ces sénatoriales sont beaucoup moins croustillantes en Seine-Maritime. La liste conduite par la sénatrice sortante havraise, Agnès Canayer, devrait, comme la dernière fois, passer ses trois sortants et les socialistes, deux. La seule inconnue résidant dans la réélection ou pas de l’élue communiste en compétition avec le Parti socialiste pour le 6 e siège. Et là aussi, ça risque d’être chaud entre les deux anciens principaux partis de gauche avec des répercussions probables en cas de victoire du PS, sur les élections départementales et régionales de mars prochain! La « vieille gauche » n’en sortira peut-être pas indemne.
PS: Il est des coïncidences comme la disparition aujourd’hui à l’âge de 73 ans, du journaliste-écrivain correzien, Denis Tillinac, compagnon de route et ami fidèle pendant de nombreuses âgées du Grand Jacques (Chirac) parti un an plus tôt, jour pour jour. Ancien président de la République dont la mémoire est justement honorée ce samedi, alors que sa fille chérie, Claude, ce même jour, après toutes ces années dans l’ombre aux côtés du maire de Paris puis du chef de l’Etat, n’écarte pas l’hypothèse d’une entrée en politique future à titre personnel sur les terres de papa. La dynastie des Chirac n’est peut-être pas prête de s’éteindre!