Trois petits tours ou plutôt jours et puis s’en va! En poste depuis seulement vendredi, il est parti hier lundi. C’est ce qu’on peut appeler une brève collaboration. Celle de tous les records quant à sa durée. Le maire L.R d’Evreux s’en serait bien volontiers passé. Guy Lefrand a tranché néanmoins dans le vif et dans des délais records.
Son nouveau collaborateur de cabinet, Antoine Vermeulen, formé à l’Institut supérieur catholique de la Roche-sur-Yon, un établissement porté sur les fonts baptismaux par Philippe de Villiers, au début des années quatre-vingt-dix, du temps de sa gloire politique, ne sera resté à Evreux que le temps d’un week-end. Pas vraiment le temps de découvrir les charmes de la cité préfectorale.
A peine avait-il déposé ses valises que son passé revenait à son visage masqué dans les couloirs de l’hôtel de ville où personne n’aura eu le temps de graver sa « tête » dans le marbre. Et pour cause.
Une capitale de la polémique où le premier magistrat est plus souvent attaqué qu’à son tour. Du pain d’autant plus bénit pour ses détracteurs que sa recrue a été présentée au fil des heures comme un homme toujours jeune mais au passé très riche à la fois chargé en termes politique et sociétal.
Les recherches facilitées par les réseaux sociaux ont été très vite fructueuses pour les diverses oppositions municipales menées par Timour Veyri, pour le PS et Guillaume Rouger, pour le mouvement macroniste. Qui dès hier matin sortaient par voie de communiqués de presse la grosse artillerie avec des armes de destruction massive pour exiger son départ. Que lui reprochaient-ils ? Un activisme visiblement avéré au sein de la mouvance islamophobe et homophobe et sa grande proximité avec le mouvement Sens commun, dont il a assumé des responsabilités dans son ancien département vendéen. Proche de Bruno Retailleau, le président du groupe L.R au Sénat, anti IVG décomplexé, il a aussi milité avec enthousiasme contre le « Mariage pour tous ». Une erreur de parcours de toute évidence ne plaidant pas en sa faveur et une trajectoire jugée d’autant plus insupportable que Guy Lefrand avait ouvert pas mal à gauche lors de la constitution de sa liste aux municipales. Où sa victoire n’a aucunement souffert en revanche de la moindre contestation auprès de ses électeurs…même si ses oppositions ont déposé un recours devant le tribunal administratif dont le jugement n’a toujours pas d’ailleurs été rendu.
Il est probable que plusieurs de ses amis de l’équipe majoritaire se sont aussi manifestés et inquiétés de cette embauche et de la polémique déclenchée en quelques heures seulement. De là à l’accuser d’ouvrir la porte à l’extrême-droite avec cette recrue, il y avait tout de même peut-être une certaine exagération. Mais force est de reconnaître une erreur manifeste de recrutement très vite réparée.
Dans un communiqué transmis en fin d’après-midi, le maire expliquait brièvement que « suite à la découverte de publications antérieures et des prises de position ne correspondant pas aux valeurs de notre collectivité » il avait décidé de mettre fin au contrat de son très bref collaborateur.
La messe était dite pour « l’abbé » Vermeulen en provenance du diocèse de Montauban ou plutôt de la mairie dirigée par Brigitte Barèges, une « Républicaine » très marquée à droite pour ses positions sociétales qui régulièrement lui valent d’être la cible des médias et aussi des tribunaux. Un positionnement certes très contestable mais qui ne l’a pas empêché de voir ses électeurs lui renouveler leur confiance en dépit d’un passif judiciaire. C’est probablement…une coïncidence, mais l’actuel directeur de cabinet de Guy Lefrand occupait un poste similaire, il y a quelques mois à la mairie de Montauban. De là à parler de jumelage ou de filière ? A ma connaissance la ville du Tarn-et-Garonne n’est pas encore jumelée avec Evreux!
Ville qui a eu l’honneur tout récemment de se voir récompensée au nveau national avec l’attribution du premier prix des journaux municipaux. Bravo la « Com » municipale ébroïcienne et à son directeur pour cette distinction à la tête d’une équipe que j’ai bien connue pour l’essentiel. Un poste délicat et souvent un fauteuil éjectable. Surtout lorsqu’on est en conflit ouvert mais interne avec le plus proche collaborateur du maire notamment sur un appel d’offres sur la réalisation d’un site internet municipal « remporté » contre mon avis non pas technique mais moral, il y a une quinzaine d’années, par une agence de communication toujours dirigée…même de plus loin par le directeur de cabinet du maire. On pouvait y voir un inacceptable conflit d’intérêts! Et là, Guy Lefrand, alors adjoint qui ne portait pas vraiment davantage dans son coeur le premier précieux collaborateur de Jean-Louis Debré, n’y était pour rien! A une époque où les réseaux sociaux n’existaient pas encore, c’est par voie de presse (locale) que j’appris mon départ une bonne année plus tard et le nom de mon successeur venu de Chartres. C’est sympa, non ? Avec tout de même une petite satisfaction, la disgrâce de mon « ami » qui avait précédé la mienne avec qui je m’étais aussi « frité », entre autres, sur le dossier de l’aide apportée au club sportif phare de la ville, l’ALM basket, dont il souhaitait couper en grande partie les vivres. Un sacré vecteur essentiel de communication pourtant dans une ville comme Evreux à l’époque.