« Osez Joséphine » une perle noire au Panthéon!

Il a « Osez Joséphine » (le nom du comité de soutien à sa panthéonisation) pas seulement pour paraphraser le titre d’une célèbre chanson d’Alain Bashung datant de trente ans! Et pour une fois, le chef de l’Etat, « risque » d’être entendu cinq sur cinq. C’est tellement rare. C’est le choix de Macron et c’est un excellent choix. Une perle noire au Panthéon, une première pour une prérogative présidentielle que seuls Georges Pompidou et son successeur, Valéry Giscard d’Estaing n’ont pas utilisée. Pour des raisons ignorées. Qui ne souvient pas au moins par le prisme de la télévision au temps du noir et blanc du choix du général de Gaulle, honorant la Résistance en 1964 en accueillant Jean Moulin avec le discours pour l’éternité de son ministre de la Culture, André Malraux, et cette référence absolue portée par une voix chevrotante inimitable « Entre ici Jean Moulin avec ton terrible cortège ». Quelle émotion jamais éteinte prolongée dans le temps avec la panthéonisation du même Malraux, sous Jacques Chirac et bien sûr, entre autres de la première femme à bénéficier de ce sacre républicain, Marie Curie, décidée par son prédécesseur, François Mitterrand. Sans oublier Simone Veil plus récemment.

En retenant aussi trois ans plus tard Joséphine Baker, Emmanuel Macron honore deux femmes de courage transcendées par des combats multiples et souvent douloureux au cours du siècle précédent. Le 30 novembre prochain, nos compatriotes vont ainsi redécouvrir une française (trois ans avant la guerre de 40), puisque issue d’une famille américaine très pauvre de Saint-Louis, dans le Missouri. Une artiste populaire en meneuse de revue pendant les « années folles » à Paris, puis patriote, féministe, résistante et lieutenante dans l’Armée de l’air pendant la Seconde guerre mondiale. Une vraie Mata-Hari en uniforme et militante des droits civiques plus tard, engagée pour l’égalité alors qu’elle est née dans une Amérique ségrégationniste, aux côtés du pasteur Martin Luther King, dans les années soixante. Un continent qu’elle avait quitté à seulement l’âge de 19 ans, pour rejoindre son futur nouveau pays et Paris et la « Revue nègre » où elle fit l’effet d’une bombe avec sa gestuelle très drôle et libérée. Pour l’époque…Un parfum d’exotisme pas forcément bien perçu! Et des tenues beaucoup plus légères que celles portées pendant son engagement héroïque au sein de la Résistance et de l’Armée.

Quelle épopée vécue par cette femme aux mille vies à qui on reprocha dans ses jeunes années d’avoir dansé en effet avec une ceinture de bananes autour de la taille, sur scène, les seins nus, les cheveux courts plaqués et d’avoir en quelque sorte légitimé pour ceux que l’on appelle aujourd’hui les indigénistes, le passé de la France colonialiste! Quelle absurdité. Mais elle l’a tellement « donné la banane » à ses contemporains cette Vénus d’ébène dont a surtout retenu, à tort, pour sa postérité la chanson « J’ai deux amours, mon pays et Paris ».

Une femme aux trois maris (le dernier lui permit d’obtenir sa naturalisation en 1937), sans enfant mais qui en a adopta douze. Ses enfants d’autant de nationalités différentes constituant sa famille joliment peinte par l’intéressée « d’arc en ciel » dans son château des Milandes (qu’elle fut contrainte de céder) sur les bords de la Dordogne. Son havre de paix. Un mot qui a du sens pour cette grande dame qui aura connu gloire, fortune et hélas des dernières années plus difficiles avec ses difficultés financières pour conserver sa « maison du bonheur ». Un terrible déchirement. Avant sa disparition dans son appartement parisien en avril 1975, des suites d’une attaque cérébrale, survenue trois jours plus tôt. Elle venait juste de quitter la scène…Une autre l’attend pour l’éternité. Celle de la porte d’entrée grandiose de cette ancienne église où y furent célébrées notamment les obsèques nationales de Victor Hugo, devenue nécropole nationale avec à son fronton une inscription toute aussi illustre: « Aux grands hommes la patrie reconnaissante ». Il serait peut-être aussi temps d’y rajouter les femmes…Car elles prennent de plus en plus de place! Dans nos coeurs, forcément…

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