A quoi rime ce probable futur trop-plein à droite si toutefois l’hypothèse de la primaire s’impose. Ce qui est encore loin d’être assuré! A chaque jour ou presque, les champions se dévoilent. En challengers autoproclamés dont les chances sont quasi nulles. L’essentiel n’est pas toujours de participer, Monsieur le baron! Le dernier en date: Eric Ciotti, le « député-flingueur » des Alpes-Maritimes, le grand copain de son voisin, maire de Nice, Christian Estrosi. On est assuré qu’ils ne formeront pas un tandem sur la Promenade des Anglais les anciens frères de la Côte déchirés comme jamais!
Un montagnard veut aussi se hisser au sommet de l’Everest élyséen: l’ancien ministre chiraquien et négociateur du Brexit au parlement européen: Michel Barnier. Certes, c’est un homme de talent, mais quel charisme fou! Qui l’imagine porter à 71 ans, le collier présidentiel à l’Elysée ? Déjà que le premier piquet de la porte présidentielle ne sera pas facile à passer pour celui qui, avec Jean-Claude Killy, porta avec une certaine réussite sur ses épaules l’organisation des J.O d’Albertville, en 1992. Il s’est aussi officiellement lancé dans l’aventure alors que le président de sa région d’origine, Laurent Wauquier, a annoncé lui son intention de ne pas en être. Au départ de cette course de slalom qui apparait désormais bien partie pour l’une de ses rivales principales, Valérie Pécresse. Il préfère attendre sagement cinq ans dans l’hypothèse, tout de même pas invraisemblable que Emmanuel Macron soit réélu. Et de ce fait ne puisse pas se représenter. On peut lui faire confiance néanmoins pour savonner la planche qui n’est pas de ski, du ch’ti Xavier Bertrand qui lui court en parallèle puisque refusant toute idée de participation à cette foutue primaire de départage. La pire des solutions même s’il n’y en a pas d’autres pour mettre d’accord des…seconds couteaux qui ne sont même pas suisses! Le renoncement de l’ancien maire du Puy-en-Velay et président des Républicains et tenant de la droite plus dure avec Ciotti, ne va-t-il pas enterrer cette primaire ? Surtout dans l’éventualité d’un ticket Bertrand-Pécresse, toujours possible, pour le premier tour d’avoir 2022, sans passer par le piège mortel de la primaire. Encore que le premier veut faire vraiment cavalier seul!
On imagine mal dans ce prolongement bien secondaire de cette primaire « mal barrée » un affrontement mortifère entre la candidate de l’Intérieur, même « Libre » son mouvement surtout bien implanté en région parisienne et son ancien collègue de plusieurs gouvernements, le candidat de l’extérieur des Républicains, le président des Hauts-de-France qui se voit une destinée nationale. Et pourtant ce n’est pas une nouvelle Jeanne d’Arc. Il n’a pas entendu des voix puisque sa terre d’élection n’est pas lorraine. Comme ma préférée, Nadine Morano. Il ne manque plus qu’elle. Encore que son ancienne copine de régiment sarkoziste, Rachida Dati, s’y verrait bien aussi, même si les juges font quelques misères à l’ancienne Garde des Sceaux!
Un autre ancien-encore-jeune, Hervé Morin, de l’équipe Sarkozy, conscient lui de ses réelles capacités, a bien compris lui depuis la dernière présidentielle où il a un moment songé à se présenter, où sont ses limites. Et il a bien raison le « duc de Normandie », toujours très amateur de courses hippiques, qui se livre à quelques anecdotes croustillantes dans les colonnes de « Paris-Match ». Notamment lors de son élection en 2015 comme président de la Région Normandie où les résultats du premier tour ne lui laissent, face au prétendant socialiste, aujourd’hui maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, que de maigres espoirs de l’emporter. Aussi le matin du second tour, entend-il une voix: celle d’une voisine de son village d’Epaignes lui conseiller de mettre du…persil plat dans l’une de ses chaussures pour lui porter chance. L’histoire ne dit pas si c’était la gauche ou la droite pour ce fidèle centriste! Et le soir il gagne. Tout heureux de présenter à ses amis ce qui l’a fait gagner d’une petite encolure sur le poteau d’arrivée. Et le président de la Normandie réunifiée de présenter son brin de persil!
Peut-être plus drôle encore: sa première affiche de campagne électorale, alors qu’il se présente au conseil général dans son canton de Cormeilles à 27 ans. Là encore il n’a pas les faveurs du pronostic. Et il les déjoue après avoir posé un peu à la hâte, de retour de vacances et tout bronzé, quelques semaines plus tôt, avec une veste et une cravate Hermès avec des vaches en lien avec ses attaches rurales, prêtées par un copain. Mais personne ne saura que le futur candidat élu ne portait pas de pantalon mais un short. Il n’apparait évidemment pas dans cette tenue pour la photo officielle. Et il montra le bas quelques jours plus tard! Facétieux le futur hôte de l’Hôtel de Brienne qui était plutôt habitué aux uniformes des beaux militaires en ces lieux, comme ministre de la Défense. Ca doit être très rare de croiser des galonnés en short dans les jardins de ce ministère régalien! Une carrière politique, parfois, ne tient pas à grand chose! Je me souviens encore, et ça ne figure pas dans le chapelet d’anecdotes drôles livrées à l’hebdomadaire, alors que j’étais journaliste à Evreux, de la décision du député de la circonscription de Louviers, mon ami Bernard Leroy, en 1997, de le choisir comme député suppléant suite à la dissolution ratée de l’Assemblée. Je ne lui dissimula pas alors mon étonnement et surtout inquiétude politique de territoire devant ce choix. Il est quand même excessivement rare qu’un député sortant prenne un suppléant basé et élu hors de sa circonscription! Quelles que soient les qualités de l’intéressé. C’était mal parti et ça finit mal au second tour comme pour nombre de députés de droite et du centre, victimes, qui plus est, de triangulaires mortifères avec le Front national! Cette dissolution nous valut l’arrivée de Lionel Jospin, qui, en dépit d’un bilan plutôt bon à la tête du gouvernement , mais très mauvais candidat à l’élection suprême, ne franchit même pas le premier tour en 2002. L’éparpillement des voix de Chevènement et de Taubira ayant fait le reste…
Député suppléant, un poste certes honorifique sur une carte de visite mais sans plus , le jeune Hervé Morin aurait peut-être « végété » dans l’ombre de son ami Bernard. Au lieu de cela, le maire d’Epaignes et seulement conseiller général, se présenta plus tard et remporta la législative de Bernay-Pont-Audemer où il remplaça le député Ladislas Poniatowski parti se faire élire, comme d’autres, au Sénat…Sans cette défaite salutaire…comme suppléant, il est possible qu’il n’aurait pas fait la carrière politique que l’on sait!