Il ne faut jamais toujours broyer du noir. La preuve. Comme l’a attesté ce matin le Garde des Sceaux, qui, dans une « plaidoirie » empreinte de beaucoup d’autosatisfaction au micro de Jean-Jacques Bourdin, pour ceux qui l’ignoraient forcément que onze ans après sa fermeture dans le cadre de la réforme de la carte judiciaire mise en application par Rachida Dati, ministre de Nicolas Sarkozy, le tribunal d’instance de Louviers, dans l’Eure, a rouvert ses portes après quelques aménagements, début septembre. Espérée depuis 2018 et appelée de leurs voeux par les élus locaux, magistrats et fonctionnaires, cette chambre de proximité devrait examiner environ 5.000 affaires de contentieux jusqu’alors traités par les tribunaux des Andelys et d’Evreux. Comme quoi tout n’est pas totalement sombre dans le monde de la justice dont le budget devrait une nouvelle fois connaitre une hausse de 8 % comme l’a annoncé fièrement Eric Dupond-Moretti.
Une bonne nouvelle en entraînant une autre, évidemment pas à la même échelle, l’une des figures du grand banditisme à Marseille, capitale de l’actualité depuis plus d’une semaine, impliqué dans plusieurs règlements de comptes mortels, recherché depuis des lustres- il avait été condamné en son absence à trente ans de réclusion pour des faits similaires sur fond de trafic de drogue- a enfin été arrêté. Au lendemain ou presque du passage remarqué du chef de l’Etat dans la cité phocéenne.
Ce caïd…évidemment pas le locataire de l’Elysée, était l’un des patrons d’un réseau de la « célèbre » cité des Oliviers. Où, à ma connaissance il n’est pas question d’oliveraie mais bien de trafics de stupéfiants générant environ une recette de 80.000 euros par jour. Un « very good job » qui suscite bien des convoitises et des guerres de territoires. D’où la multiplication de ces règlements de comptes faisant la Une de l’actualité. Encore deux morts cette nuit portant le bilan à 17 victimes depuis le début de l’année.
Certes il n’y a pas eu de morts, deux blessés dont l’un atteint à la tête par une barre de fer utilisée par l’un des protagonistes sur les forces de l’ordre, mais que penser de cette nouvelle interpellation encore d’une rare violence, toujours à Marseille, ayant permis à une dizaine de trafiquants et voyous de soustraire d’un véhicule de police l’un des leurs pourtant menotté les mains dans le dos. Qui, en toute tranquillité, façon de parler, est reparti avec ses copains, vaquer à ses coupables occupations, sans oublier au passage de reprendre ce qui lui avait été (de façon scandaleuse, une boutade bien sûr) « confisqué » par ceux qui l’avaient arrêté, à la fois l’argent et la drogue, butin de la perquisition. Elle est pas belle la vie à Marseille ? Et la crainte des policiers à répliquer en état de légitime défense ne fait que renforcer cette paralysie qui profite assurément aux délinquants.
Ca fait quand même désordre, surtout après le passage du président de la République. Et si l’on était un « poil » optimiste on pourrait imaginer néanmoins que le boulot de la police dans ces zones de non-droit ou plutôt celles « de tous les droits » va peut-être commencer, un jour, avec de « prompts renforts » promis, par porter ses fruits. Même si leurs « clients » de plus en plus jeunes et violents, un peu plus perturbés dans leurs petites occupations très enrichissantes, passent eux aussi à la vitesse supérieure pour répliquer! Ca ne nous promet pas des jours faciles tout ça. Et les milliards injectés ne résoudront pas tout. Loin de là. Ce serait d’ailleurs intéressant de connaître à qui ont été destinées toutes les aides sonnantes et trébuchantes déversées par centaines de millions depuis tant d’années. Pour remplir les poches d’une classe politique défaillante et corrompue ? C’est sûr que le Vieux port doit être sérieusement bouché par une très grosse sardine! Où plutôt un coffre-fort bien garni et légèrement rouillé depuis toutes ces années.
Faut-il néanmoins ne pas encore totalement désespérer si l’on sait qu’un certain nombre de ces familles si paisibles et n’ayant rien à se reprocher dans les quartiers les plus chauds (c’est peut-être un signe prometteur) commencent à éprouver quelques difficultés à régler leurs loyers avec de la « fraîche » car il faut savoir que plusieurs bailleurs sociaux de la Ville et probablement ailleurs, acceptent encore un règlement en espèces. Incroyable mais pourtant vrai. La provenance de cet argent bien frais ne fait semble-t-il pas trop de doutes. Et si les fautifs étaient aussi poursuivis ou au moins interdits de pratiquer de la sorte ? Il y a vraiment du boulot pour remettre un « semblant » d’ordre!