« C’est tellement facile de refaire le match! » Même Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT a utilisé hier cette formule, souvent employée dans le monde sportif, pour manifester son interrogation. En rapportant, comme d’autres que « cette décision n’était pas de nature à faciliter la prise de responsabilités de nos politiques ». Et il n’est pas le seul à le penser après la mise en examen de l’ancienne ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Pour mise en danger de la vie d’autrui relative à sa gestion de la crise du Covid alors naissante…lorsqu’elle abandonna son ministère pour se lancer dans la campagne des municipales à Paris en février 2020. A peine un mois après le déclenchement de la pandémie à partir d’un laboratoire à Wuhan, en Chine. Pour être remplacée par Olivier Véran.
On passera sur sa calamiteuse première incursion et très probable dernière dans une élection sanctionnée par le résultat que l’on sait. Peut-être un peu moins sur sa première déclaration du 24 janvier assurant que les « risques de propagation du coronavirus dans la population étaient très faibles » tout en précisant que la « situation pouvait évoluer ». Ce que l’on avait beaucoup moins retenu!
Davantage son acte de contrition peu glorieux ensuite pour essayer de se dédouaner d’une éventuelle responsabilité. De façon pitoyable. En semant le trouble après notamment avoir déclaré que le maintien des municipales en mars n’était pas autre chose qu’une « mascarade » en raison du contexte sanitaire mondial. Bonjour la solidarité avec ses ex-collègues et surtout à l’égard du locataire de Matignon. « Je l’avais averti que ce scrutin ne pourrait pas sans doute se tenir » avait-t-elle encore déclaré de façon très courageuse. Après…le match aller et que le scrutin du second tour soit finalement reporté à juin. Avec un épilogue favorable pour le maire du Havre et une lourde défaite pour la candidate En Marche.
Alors que 16.000 plaintes ont été déposées depuis le début de la crise épidémique en France, Agnès Buzyn s’était donc retrouvée parmi les premiers membres ou ex-membres du gouvernement à faire l’objet de « démarches », dans un premier temps, de la Cour de justice de la République. En bonne compagnie si j’ose dire. Avec son successeur Olivier Véran, son Premier ministre de l’époque, Edouard Philippe, Sibeth N’Diaye, ou encore le toujours directeur de la Santé, Jérôme Salomon, le…Monsieur, entre autres, qui pendant plusieurs mois des confinements successifs, a égrainé chaque soir à la télévision les résultats d’un autre match. Tragiquement mortel celui-là!
Faut-il se rappeler que l’enquête judiciaire, commencée en juillet 2020, s’était trouvée suivie en octobre par les premières perquisitions dans plusieurs ministères et aux domiciles personnels des personnes visées. Jusqu’à aujourd’hui et cette première sentence à l’issue de 9 heures d’interrogations de l’ancienne ministre.
Il est très probable en effet que cette première mise en examen (à qui le tour ?) comme témoin assistée ne soit pas de nature à encourager nos ministres actuels et futurs à prendre les responsabilités qui doivent être les leurs. Et à eux seuls. Il n’appartient pas de façon générale, bien sûr,…comme pour d’autres affaires, aux juges de paralyser le bon cours de la gestion politique d’un pays. Jusqu’où iront-ils nos « chers et doux » inquisiteurs du XXI e siècle ? Les fautes et imprévoyances éventuelles d’ordre politique, ce n’est à pas à eux d’en juger, mais bien le cas échéant aux électeurs et électrices de se formuler leur propre jugement ou opinion. Ce qui ne veut pas dire pour autant que les erreurs commises par nos responsables et imprévisions possibles passent au titre des…profits et pertes!
Ca tombe bien une certaine élection présidentielle se dessine à un horizon de plus en plus rapproché. C’est trop facile de porter des accusations alors que l’on savait rien ou si peu, dans les premières semaines de son déclenchement, sur une terrible pandémie qui allait toucher plus ou moins sévèrement tous les continents de la planète.
« Comme c’est bizarre, mon cousin, vous avez dit bizarre! ». Ca ne peut être qu’une fâcheuse coïncidence…Encore une « belle » pollution en vue avant les boules puantes. On refait le match de 2017 ?