Évidemment absent de la l’université de rentrée du MoDEM, le week-end dernier, l’ancien Premier ministre a néanmoins été très présent dans les pensées et pas forcément amicales et charitables de nombre de fidèles de François Bayrou avec qui, très sûrement, il ne gardera pas les vaches normandes ou béarnaises! Les tensions risquent d’être à leur maximum entre les deux hommes qui se détestent cordialement dans les prochains mois et même plus tard! Il va sans dire que l’ex de Matignon pourrait attirer vers lui à la fois les marcheurs et les démocrates en passant par leurs frères et soeurs de la galaxie Macron de Agir.
Ça a de fait sifflé et surtout persiflé en effet dans le dos du maire du Havre qui s’apprête, comme on le sait, à lancer son grand mouvement politique dans sa ville le 9 octobre prochain. Et pas seulement au seul niveau du MoDEM car l’ancien locataire de Matignon perturbe le jeu même jusqu’au plus haut sommet de l’Etat, l’Elysée qui n’apprécie guère ce calendrier, même si Édouard Philippe a annoncé qu’il lui apporterait un soutien sans faille en avril 2022.
Le chef de l’Etat ne voit pas néanmoins d’un très bon œil, un doux euphémisme, ces multiples « grenouillages » spéculant surtout sur les législatives où E.P entend présenter ses candidats (pourra-t-il lancer ses troupes sans les commander sur le terrain?) et même sur la présidentielle de 2027, alors que celle de 2022 n’est pas encore gagnée. Davantage préoccupés qu’il sont pour un grand nombre d’entre eux par leur sort personnel pour le coup d’après des législatives et le choix de la « meilleure » écurie présidentielle pour l’après Macron.
Le maire du Havre, au passage, ne va pas encore se faire que des amis en tirant la sonnette d’alarme sur l’état de la dépense publique dans une interview. Il était aussi, comme par hasard, l’invité hier soir d’un dîner élyséen pour des premières retrouvailles avec le comité stratégique du Président. Qui souhaitait réunir tout ce beau monde avec un menu copieux au cours duquel le mets principal ne devait pas être très éloigné de la perspective du nouveau parti présidentiel en gestation. Un souper de grimaces aussi pour certains des convives invités de la dernière heure?
Le chef de l’Etat a en effet missionné le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, pour faire passer le message fort et clair en vue de l’optique « en même temps » de la constitution du futur remplaçant du mouvement En marche. Dont l’avenir se situe en pointillés XXL. Une autre histoire du « grand remplacement » du nom à défaut des prénoms! Car les initiales de ce mouvement E.M (celles du président) qui n’est jamais devenu un vrai parti sont devenues minuscules et pas vraiment majuscules en terme d’attractivité électorale depuis les Européennes mi figue mi-raisin et des fiascos successifs.
Et que dire encore du plus grand brouillard républicain, pour être gentil, où il ne se passe pas un jour sans qu’il y ait un changement de braquet vis à vis du trublion ou du « candidat de l’automne ». A ce niveau ils font preuve d’un élan généreux sans équivalence. Comme en a témoigné encore hier la démarche toute personnelle d’un des principaux dirigeants de LR dans un courrier (dont j’ai pu prendre connaissance) le président du groupe LR à l’Assemblée nationale. Damien Abad, ancien soutien de Bruno Le Maire à la primaire de la droite fin 2016, a proposé à Éric Zemmour un débat télévisé pour « confronter leurs convictions ». Et pourtant ce parlementaire de l’Ain ne fait pas partie des ultras! Qui peut imaginer Damien Abad rivaliser sur ce terrain de la confrontation avec un Zemmour ? Pour une affiche sérieusement peu crédible! Ils ne jouent pas vraiment dans la même catégorie de poids. Un poids lourd d’un combat de boxe face à un poids coq. « Il me semble en effet nécessaire de prendre ce rendez-vous démocratique et donc la nécessité d’offrir aux français un choix éclairé » déclarait-t-il dans sa lettre. Pour être « éclairé », le patron des députés au Palais Bourbon est vraiment éclairé! Ce qui lui a valu une réponse immédiate de l’intéressé: « vous vous proposez parce que votre patron Xavier Bertrand n’ose pas le faire ? ».
Le président du Sénat, Gérard Larcher qui sort d’une défaite cuisante en interne avec le refus de LR d’accepter une primaire ouverte, n’a, lui, pas proposé à Éric Zemmour le moindre débat mais lui a bien envoyé un scud. « Lorsqu’on l’entend parler des femmes, on se croirait branché sur Radio Kaboul ». Tous aux abris…Bonjour l’ambiance. Qui n’est vraiment pas celle d’un banquet très…républicain! Les chasseurs émérites de LR ne vont pas manquer de gibier cet automne…Les poils et les plumes vont voler dans tous les sens.