« Je lui avais promis que je le ramènerai à la maison ». Les propos de Stéphane Tapie, son fils aîné, ne peuvent pas laisser indifférent tout un chacun même s’il n’en pinçait pas forcément pour l’ancien dirigeant aux multiples facettes à la fois si adulé et détesté. Un personnage unique, hors normes, très probablement dans notre histoire contemporaine. On en veut pour preuve sa dernière apparition hier sur la pelouse du Vélodrome illuminé par le soleil comme aux plus belles heures du club. Où il ne manquait vraiment qu’un arbitre pour siffler la fin de la partie! Pour une communion sans égale. On se serait cru dans une chaude enceinte sportive sud-américaine où, un peu plus près, à Naples, lors des adieux déchirants du peuple napolitain à son ancienne idole, Diégo Maradona. Quelle ferveur, quelle ambiance dans les travées de la tribune Jean-Bouin du temple du football marseillais. Pour les adieux des afficionados à leur ancien boss dont le cercueil a été porté jusqu’au milieu du terrain par des représentants des clubs de supporters locaux. Un « spectacle » inédit pour une cérémonie de deuil qui ne risque pas de se reproduire de sitôt. Et pour cause! Des embrassades en veux tu en voilà à la marseillaise, des rires, des chants, des hymnes, des remises de maillots de l’époque Tapie. Il ne manquait même pas dans ce cérémonial inédit les banderoles et écharpes reposant comme un symbole sur le cercueil du défunt. Un long moment de repli pour l’un des enfants du clan familial si soudé mais isolé sur l’un des bancs de touche l’espace de quelques minutes avant qu’il ne soit rejoint par l’actuel président de l’OM, Pablo Longoria. Presque un minot! Des images vraiment très fortes…
Un mélange de liesse populaire et de recueillement avec des rires et des larmes. Impensable ailleurs que dans la cité phocéenne, la ville de toutes les folies et de tous les excès. Une cité trop souvent à genoux. Celle-là avait tout de même de la « gueule ». Bien à l’image de l’homme. Un cas d’école improbable. Il avait redonné de la joie et de la fierté à toute une région et même au-delà de la sphère sportive. Et pourtant il n’arrivait pas le « titi parisien » ancien gamin élevé à la Courneuve, avec les meilleurs atouts du côté de Marseille. « La Provence » le titre aussi de l’un de ses derniers faits d’armes de reprise de « boîtes » en difficulté. Un sacré symbole paradoxal tout de même que cette reprise d’une entreprise de presse qui s’appelait, il n’y a pas si longtemps, « Le Provençal » . Lui qui aimait tant détester les journalistes et s’en servir avec une réelle brutalité pendant toutes ses années de gloire et de désamour. Un ultime clin d’oeil datant déjà de quelques années avant de reposer aujourd’hui au cimetière de Mazargues. Qui aurait pu imaginer Bernard Tapie commencer une autre vie, la plus lointaine possible, en terre provençale ? Quel pied de nez aussi à la capitale! Même si elles ne chantent que l’été, les cigales viendront bercer de leurs chants celui dont le nom restera pour toujours gravé dans les têtes des minots de l’OM qui ne l’ont pas connu et de leurs aînés…Un amour intergénérationnel.
P.S: il y avait moins de ferveur évidemment mais néanmoins beaucoup d’intérêt des curieux le long de la promenade du Sillon à Saint-Malo aux premières heures de la matinée pour assister aux débordements de l’eau sur la digue à l’occasion des grandes marées, un spectacle toujours très couru et pas seulement par les chasseurs d’images! Il ne manquait qu’un bon coup de vent pour alimenter encore davantage le côté grandiose de la situation. L’occasion aussi pour quelques « malchanceux » ne courant pas assez vite, de prendre une bonne douche. Et des sacrés paquets d’eau salée. Et là il ne s’agissait pas de vagues sondagières que je n’évoquerai pas aujourd’hui!