L’épisode deux ne ressemblait vraiment pas au premier de la veille. C’est vrai que les acteurs n’étaient pas les mêmes ! Quel changement de ton entre lundi et mardi. Critiques à tout va et parfois surjouées de façon caricaturale sur un bilan, suivies hier soir d’une sacrée dose ou surdose d’autosatisfaction. « Emmanuel I er » a lancé sa campagne sur une thématique plutôt bien ancrée à droite. Quoi de surprenant. En n’omettant surtout pas de dire combien ses quatre années de présidence et même un peu plus avaient été marquées sous le sceau républicain d’une belle réussite. Recevable de toute évidence sur l’on se fie aux résultats économiques surtout en temps de crise épidémique, mais discutable dans bien d’autres domaines et notamment celui du régalien. Qui laisse grandement à désirer.
Notre président a quand même consacré un tiers de ses trente minutes de longue déclaration à la crise sanitaire, le prétexte tout trouvé pour parler aux français et françaises au fond de ses yeux bleus avec une voix légèrement prise. Mais très vite entendue néanmoins par les candidats au rappel obligatoire pour les plus de 65 ans à partir de la mi-décembre. Comme en juillet dernier, l’opération peut être considérée comme bien lancée avec déjà plus de 100.000 réservations auprès de « Doctolib » dans la nuit. La peur de voir son passeport sanitaire ne plus être validé dans les mois à venir devrait vite porter ses fruits et c’est tant mieux. Comment peut-on encore accepter déjà que plus de 15 % des plus de 80 ans n’aient toujours pas reçu à ce jour un premier vaccin ! Certes ils fréquentent moins les lieux de culture, loisirs et plaisir des lieux de sorties, cafés, restaurants, mais tout de même…
Le président de la République a surtout parlé des trains qui selon lui étaient bien arrivés à l’heure avec au passage l’annonce d’une réforme revue et corrigée des retraites dès 2022, le risque pour les chômeurs de recevoir un coup de gourdin sur leurs allocations s’ils ne faisaient pas preuve d’un plus bel élan dynamique pour accepter un boulot. D’une façon générale, on ne peut pas lui donner totalement tort (même si ce n’est pas politiquement correct de l’énoncer) , surtout à une période où les chefs d’entreprise éprouvent les pires difficultés pour trouver du personnel. Les offres d’emploi ne manquent pas dans nombre de secteurs comme le bâtiment, l’industrie et l’hôtellerie-restauration mais ne trouvent pas preneurs. Ce qui ne veut pas dire pour autant que toutes les offres assorties de salaires trop bas, soient acceptables. Loin de là. Et il y a toujours plus de trois millions de demandeurs d’emploi et autant de travailleurs pauvres.
Il a également changé de pied sur le recours au nucléaire avec son annonce d’ouverture de plusieurs E.P.R. Un souhait partagé par ses rivaux républicains. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis! Encore faut-il souhaiter que ces programmes voient le jour plus rapidement que celui de Flamanville, dans le Cotentin, aux retard de livraison et surcoût par milliards scandaleux! On ne pourra pas là lui reprocher de caresser l’électorat écolo.
On passera sur la litanie des « choses bien faites », on est jamais mieux servi que par soi-même pour vanter son propre bilan. Ses prédécesseurs à l’exception de François Hollande et pour cause, ne se sont pas gênés. D’où les ridicules cris d’orfraie de ses opposants et observateurs politiques qui ne sont pas précisément privés d’antenne pour démonter ses déclarations à longueur de journées, de semaines et de mois. C’est ça la démocratie.
Le futur candidat Macron profiterait, quelle nouveauté, de son statut de président sortant pour se glorifier d’une façon éhontée. La belle affaire ! Ce serait le seul pratiquant ? L’hypocrise n’a-t-elle pas ses limites ? Comme celles d’ailleurs d’avoir passé totalement sous silence les sujets du sécuritaire et de l’immigration, où là le locataire de l’Elysée a perdu la voix du triomphe. Totalement aphone, le président. Et pourtant ce sont des sujets préoccupants. Certes il ne pouvait pas se targuer d’un bon bilan dans ce domaine, mais tout de même. Des millions d’électeurs et d’électrices ne se contenteront pas de sa conclusion finale empreinte d’un bel optimisme « n’ayez pas peur » en faisant référence au populisme et catastrophisme de plusieurs de ses futurs adversaires de la droite-extrême. Tout ne va pas si bien Madame la marquise ou plutôt Monsieur le Président.
Cet exemple est certes anecdotique mais néanmoins révélateur d’une certaine chienlit désespérante. Est-il normal qu’à des heures de grande écoute, des chaînes de télé se gargarisent et fassent le buzz en invitant sur leur plateau des délinquants travestis depuis plusieurs semaines en Daltons qui, à Lyon, berceau de Guignol, narguent les forces de l’ordre en faisant des rodéos dans les rues, envahissent la pelouse du stade de la capitale rhodanienne et même se hissent sur le mur de la prison locale pour balancer un colis à leur chef du groupe rap détenu depuis plusieurs semaines. On aurait aimé qu’un comité d’accueil vêtu d’autres uniformes les attende devant les portes du studio de télévision. Une telle impunité n’est pas supportable. Deux poids deux mesures. C’est évidemment plus facile de verbaliser un automobiliste coupable d’un dépassement de vitesse de trois ou quatre kilomètres/h. C’est certes très démago, mais j’assume! C’est quand tu veux, le Lucky-Luke de la place Beauvau !