Un doigt d’honneur à Marseille et un poignet foulé à Villepinte. Quelle dizaine mouvementée pour Monsieur Z ! Qui, s’il avait raté « haut la main » son entrée officielle en campagne, a manifestement réussi son premier meeting dans le 9.3. Les observateurs honnêtes ne s’y sont pas trompés. Hélas. Trois fois hélas devant une foule galvanisée d’environ 10.000 personnes. Un chiffre qui me paraît d’ailleurs gonflé avec une loupe grossissante. Passons. Tel n’est pas le sujet majeur d’un événement marqué du sceau de la réussite d’une démonstration de force indéniable. Une force militante de la jeunesse tout d’abord. A la fois impressionnante et…inquiétante à bien des égards. Surtout que des coups de poing ont été donnés sur quelques provocateurs de SOS Racisme.
C’est ça notre jeunesse entraînée derrière un homme transformé en gourou certes au talent oratoire indéniable (il l’a encore prouvé) mais tellement dangereux ! Un discours cash empreint lui aussi de grande violence lorsqu’il s’est agi pour lui de descendre au lance-flamme ses principaux rivaux. Son agression violente matérialisée par une ITT de 9 jours ne l’a visiblement pas trop perturbé. Un discours de plus d’une heure et demie, certes bien troussé avec des références littéraires choisies, mais sentant bon ou plutôt mauvais la haine avec des qualificatifs d’une cruauté jamais atteinte dans une campagne présidentielle. Ses cibles préférées bien sûr: « le traitre » Jacques Chirac, son ancienne collaboratrice, Valérie Pécresse et surtout le chef d’Etat, « le néant » Macron, comparé à « personne, il n’est rien, c’est un fantôme » Préférant faire applaudir son ami Eric Ciotti, au nom scandé par une grosse partie de ses troupes. Il faut quand même le faire ! Et quel appel du pied (cela change de la main) à celui qui vient de connaître son titre momentané de gloire en obtenant 40 % des suffrages à la primaire LR et à ses partisans. Et qui, le dimanche matin, devant ses troupes niçoises, lançait un tacle peu amical à sa vainqueur de la veille. Tout miel et rassembleur le samedi et déjà tranchant le lendemain avec un premier coup de canif après des propos jugés malheureux de son ex-rivale sélectionnée à la tête de « cette belle équipe de France ». La prise en otage ne fait que commencer. La politique ca va tellement vite. La preuve: samedi, c’était la journée Pécresse et le lendemain celle de Monsieur Z, émaillée de violences intolérables . Le fruit vénéneux de provocations dans chaque camp. Celui de l’intolérance et du non respect de la démocratie bien mise à mal par tous ces extrémistes au petit pied gangréné. Le tourbillon aussi des contrastes saisissants. J’en reviens naturellement et avec le plus grand déplaisir à ces images d’une jeunesse « exorcisée » portant ce tribun surfant sur le malheur. Le retour de la droite, c’est peut-être évident pour Valérie Pécresse, mais cette droite républicaine, par ses erreurs et renoncements du passé, ne fait toujours pas rêver notre jeunesse de France. Qui, il y a cinq ans s’était plutôt tournée vers le nouveau venu, Emmanuel Macron et plus grave, les deux extrêmes, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon (l’autre tribun de la « bande »). Où sont les jeunes depuis des années dans les meetings des néo-Républicains ? Aux abonnés absents depuis des décennies car cela ne date pas bien sûr de l’intronisation de Valérie Pécresse et de ses prédécesseurs les plus récents, François Fillon et Nicolas Sarkozy et pas davantage Jacques Chirac. Il n’est qu’à voir la moyenne d’âge des militants, les derniers des fidèles méritants de la famille gaulliste, des anciens RPR devenus UMP puis les derniers résistants groupusculaires de LR. C’est un fait. Les anciens voudraient bien que la relève arrive enfin. Et je crains que le moment ne soit pas encore venu…Tant que le rêve ressemble davantage à un repoussoir à géométrie très variable dans le domaine du régalien. Le gros talon d’Achille aussi du bilan du président sortant.