Trois sondages ne font pas forcément le printemps mais ils peuvent influencer l’hiver ! Et offrir une belle dynamique à celle qui en bénéficie. C’est évidemment une coïncidence mais le président va tenter aujourd’hui de se ressourcer du côté de Vichy-Saint-Yorre, après Vierzon hier, où il est apparu un peu fatigué dans sa déambulation. Ca ne va trop fort en effet pour le chef de l’Etat. Qui comme François Fillon ne pouvait pas perdre cette présidentielle. De bonnes pastilles et de l’eau pétillante et ça repart. Ce n’est en revanche pas un hasard s’il a choisi cette ville de l’Allier, Vichy, pour y rencontrer ses compatriotes. N’allez pas croire pour autant qu’il va y installer son gouvernement comme un certain maréchal Pétain, en 40 ! Ce ne serait pas le même maquis. Il doit notamment y rendre un hommage mémoriel et très symbolique aux 80 députés qui, dans les heures très sombres de l’occupation nazie, avaient refusé de voter les pleins pouvoirs au Maréchal. Histoire aussi d’en glisser une « petite » dans les pattes de l’apprenti sorcier, Monsieur Z, qui aura réussi, jusqu’à présent, l’exploit de faire exploser la droite-extrême et ramener dans le jeu le camp républicain, qu’il déteste, qui ne s’attendait évidemment pas à un tel cadeau. Des bouleversements à tous les étages.
C’est incroyable mais pourtant vrai, un premier sondage donne l’avantage à Valérie Pécresse. D’une courte tête certes. La Versaillaise marche sur l’eau, non dans les bassins du parc du château royal de Louis XIV et des Louis suivants mais bien sur celle des enquêtes d’opinion. Ce n’est plus seulement une dynamique, mais un nouveau tremblement de terre. Un de plus dans cette campagne qui sent le souffre. La présidentielle de tous les possibles et de tous les dangers. Riche en bouleversements surprenants. Quelques jolis sourires, une victoire nette mais pas sans bavure…avec l’encombrant Eric Ciotti sur sa droite, un déjeuner niçois en sa compagnie avec au menu petits farcis et une pissaladière et la voilà qui prend onze points en quelques jours. Il y a seulement une semaine, beaucoup la voyaient retourner dans ses bureaux de présidente de la Région Ile-de-France. Une hausse record. Du jamais vu. A en croire ce sondage, Emmanuel Macron et son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, auraient déjà trouvé leurs successeurs. Il ne reste plus aux deux hommes qu’à faire visiter leurs appartements au duo improbable ! D’ici aux réveillons, la future locataire passe devant dès le premier tour et en février, elle approche les 40 % ! Et en avril il n’y a même plus du débat télévisé de second tour…C’est une boutade.
Ca fait des années que ce ne sont plus les votants qui choisissent leurs élus mais les instituts de sondages qui guident les plus indécis et réceptifs jusqu’à l’isoloir ou l’urne électronique. Heureusement pour le suspense qu’il leur arrive très souvent de se planter !
N’allons pas en effet tout de même trop vite en besogne. Ce n’est qu’une photo instantanée d’une opinion d’autant plus versatile que la candidate LR est celle dont les potentiels électeurs sont ceux qui peuvent le plus changer de bulletin. A 44 %. Une barre excessivement haute à ce niveau. Ce n’est plus du saut en hauteur mais bien celui à la perche, une discipline où l’on a connu tellement de grands champions olympiques dans le camp tricolore. Là franchement on ne peut même plus parler de barre infranchissable entre le vote pour la droite républicaine et celui de l’extrême-droite. Du jamais vu, là aussi. Des millions de nos compatriotes hésitent encore entre le vote Pécresse le matin et le vote Zemmour où Le Pen en fin d’après-midi. Et la nuit, les plus modérés sur la droite rêvent à réélire le sortant ? C’est dire…
Mais quelle revanche au passage pour l’ex-candidat de Valérie Pécresse, François Fillon, en quelque sorte réhabilité, même si une partie non négligeable de ses électeurs du Trocadéro et de la « Manife pour tous » sont partis avec armes et bagages, avec quelques figures « historiques » des premiers Gilets jaunes, chez Zemmour. C’est sympa d’apprendre que son agresseur de Villepinte, s’était encarté en novembre chez LR pour pouvoir voter…Eric Ciotti, surnommé désormais le « Pasqua de Valérie » l’ami de Monsieur Z. C’est faire beaucoup d’honneur au député de la Riviera. Ses prises de position très droitières ont d’ailleurs déjà fait partir de LR par centaines les amis de ses frères ennemis dans les Alpes-Maritimes. La fédé la plus importante en terme d’adhérents. Et pendant ce temps, le redoutable Christian Jacob, réhabilité lui aussi, tranche dans le vif. Il ne veut plus voir qu’une seule tête pour le grand rassemblement autour de sa candidate. Bon courage. Il vient de bannir de la vice-présidence du mouvement le député jugé trop « zemmourien », Guillaume Peltier et le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, davantage macro-compatible fort inquiet du virage droitier de son parti. Ca va vraiment mal dans le Forez avec aussi les déboires des… »Verts », équipe lanterne rouge en ligue 1 de football. Le président LR n’osera tout de même pas exclure du terrain le petit Eric en dépit de son aveu qu’il préférerait voter pour son pote Zemmour que pour Macron au second tour. Mais ça c’était avant.
Et la gauche dans tout ça ? Ses candidats visitent les catacombes et les souterrains des instituts de sondages pour y chercher d’hypothétiques électeurs. Allons, Valérie, entre filles, tu peux faire un effort de solidarité à l’égard de la mairesse de Paris: lui offrir des électeurs et électrices. Si ça continue Anne Hidalgo, risque l’affront suprême de se retrouver dans les mêmes eaux que Philippe Poutou, leader du nouveau parti anticapitaliste ! Quelle noyade en perspective.
Ce résultat sondagier aura peut-être le mérite au moins de redonner de l’ardeur aux partisans du président sortant et qui, très probablement comme des millions de nos compatriotes, ont besoin d’une bonne piqûre de rappel. Pour mouiller davantage leur chemise ! Surtout pour ceux qui attendaient leur tour en 2027 ! Valérie Pécresse élue et c’en est fini pour partie de leurs ambitions présidentielles. Encore plus dans un premier temps aux législatives de juin. Et là ça rebat fortement les cartes car Macron en retraite anticipée, fin avril, les macronistes, pour un grand nombre d’entre eux, n’auront les yeux que pour pleurer…leur cher disparu. Le seul qui peut encore leur offrir un sursis.