Quelle franche rigolade que cette journée d’hier. Elle commence déjà la veille au soir avec la remise du prix de l’humour politique 2021 décerné à la ministre chargée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa. Couronnée pour sa formule « On ne va pas s’interdire les plans à trois ». En lien, est-il bon de la préciser, à sa loi visant à lutter contre la polygamie. La très verte Sandrine Rousseau a, quant à elle, reçu le prix de la révélation de l’année avec sa formule qui a dû faire plaisir à son compagnon « je vis avec un homme déconstruit et je suis super heureuse ». Que c’est drôle ! On est vraiment heureux de l’apprendre. Et pour compléter le palmarès, un habitué des raffarinades, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, Jean-Pierre Raffarin, pour son jeu de Miot, le créateur de ces prix, Jean Miot, avec ces bons mots « quand la droite se durcit, elle se rétrécit ».
Le meilleur à venir restait néanmoins à gauche dont il ne fallait pas rater le moindre épisode de cette folle journée empreinte de tellement de légèreté. Avec par ordre d’arrivée en scène cette sortie de « l’apiculteur » Arnaud Montebourg, qui, en cette journée marquée par la présence du chef de l’Etat sur les bords de l’Allier, annonce vouloir faire éventuellement don de sa personne non pas à la France comme un certain maréchal mais à la gauche française et donc de se sacrifier au profit de ses camarades candidats en appelant à l’organisation d’une primaire pour désigner son champion ou sa championne. Un nouveau coup de théâtre qui contraint sa rivale socialiste, Anne Hidalgo, qui en l’espace de quelques heures, fait machine arrière après sa propre déclaration dans une matinale télévisée où elle parlait alors d’un « impossible et artificiel rassemblement à gauche » et réaffirmait sa ferme intention de tenir jusqu’au bout. Vaille qui vaille. En dépit de ses sondages faméliques. Quelques minutes plus tard, alors qu’elle se trouve en chemin dans le TGV pour La Rochelle, elle est informée du « coup » de la dernière chance médiatique de l’ancien ministre de François Hollande. Ni une, ni deux, elle décide à la hauteur de Poitiers de renoncer à La Rochelle et de rentrer à Paris et s’invite au JT de 20 heures de TF1. Pour annoncer à son tour qu’elle aussi prône une primaire à gauche. Branle-bas de combat dans les rédactions et roulements de tambour. La reine de Paris et l’ancien ministre du redressement économique réunis sur la même galère tentent un coup. Qui ne trompe personne. Surtout pas leurs concurrents ou leurs lieutenants qui, au fil des heures, vont se succéder aux micros et caméras pour dire leur opposition à cette manoeuvre surtout destinée par leurs initiateurs à essayer de s’offrir une porte de sortie honorable. Qui pouvait imaginer que les Mélenchon et autre Jadot (surtout ce dernier vainqueur difficile d’une primaire interne) allaient accepter une telle proposition de programme commun de gauche surréaliste à seulement quatre mois de la présidentielle.
Il ne faut pas se moquer du monde alors qu’une petite musique fait état de la possibilité pour une non-candidate de jouer les Jeanne d’Arc. En la personne de l’ancienne Garde des Sceaux, Christiane Taubira qui, elle aussi, se verrait peut-être bien en sauveuse de la gauche ! Ce qui serait assez amusant alors qu’elle a grandement participé avec Jean-Pierre Chevenement à l’échec de Lionel Jospin en 2002.
Quelle crédibilité aussi pour l’ancien premier parti de France et de son premier secrétaire, Olivier Faure, évidemment pas informé de cette volte-face incroyable et désespérée de la maire de capitale. Ce dirigeant et nombre de ses amis doivent trembler pour les finances du parti. N’envisageaient-ils pas déjà une campagne low-cost, favorisée heureusement par les contraintes sanitaires, en allant même jusqu’à hypothéquer les murs des fédérations départementales du PS pour régler l’ardoise de plus en plus possible d’un non-remboursement de la campagne par l’Etat. La candidate (jusqu’à quand ?) n’a pas encore annoncé qu’elle envisageait d’hypothéquer son…hôtel de ville ! Et dire qu’elle a été réélue triomphalement il y a un an et demi à la tête de son équipe rose-verte et rouge ! Une victoire facilitée il est vrai par la médiocrité de ses adversaires de droite et du centre, républicains et macronistes réunis. Enfin séparément ! Un autre suicide collectif…