« Demain je vais me baigner à la rivière. Elle s’appelle comment déjà ? Ah oui, Rubicon » ! L’ex-électron libre du Rassemblement national, Gilbert Collard, possède le sens de la comédie théâtrale et de la formule-teasing. Le toujours député européen, élu sous la bannière RN, ne se prendrait-il pas pour César, l’empereur romain franchissant à la tête de sa légion le petit fleuve Rubicon en l’an 49 avant Jésus-Christ et où il aurait lancé son fameux « Alea jacta est » pour se défaire définitivement des armées de Pompée ? Quelques heures en effet après cette sortie sur les ondes numériques, il claquait la porte du RN pour offrir sa grande notoriété, sa « grande gueule » et son talent oratoire (il n’est pas avocat pour rien) à Monsieur Z. Et rejoindre ainsi l’ex-député UMP niçois, non pas Eric Ciotti, mais le moins connu Jérôme Rivière, encore président, jusqu’à son départ, du groupe RN au Parlement européen. D’où cette facétie dans l’expression. Même s’il ne s’agit que d’une prise plus symbolique que vraiment décisive en terme électoral, le coup est très rude pour Marine Le Pen. C’est d’autant plus curieux que les clignotants étaient repassés au vert avec des enquêtes d’opinion plutôt favorables où elle faisait même jeu égal au niveau des intentions de vote dans la perspective du second tour avec Valérie Pécresse d’une… défaite toutefois annoncée face à Emmanuel Macron.
Cette présidentielle est vraiment folle avec ses rebondissements quotidiens. Il ne reste plus à la nièce de Marine, Marion Maréchal, qu’à bifurquer elle aussi vers Zemmour et la coupe sera pleine. Les dirigeants RN pourront toujours dans cette hypothèse se gausser et minimiser à nouveau ce qu’ils considèreront en toute mauvaise foi comme un non-événement. En attendant, ce soir, c’est tenue de gala à Cannes et festival sans tapis rouge ni marches du Palais pour les deux compères retrouvés avec toutes les recrues du mercato. Pour un premier meeting en commun. Aux côtés des nouveaux joueurs dont Damien Rieu, peut-être pas connu du grand public, ex-collaborateur parlementaire de Gilbert Collard et du beau-frère de « fifille » Le Pen, un pitbull néanmoins très redouté sur les réseaux sociaux, à la droite de la droite-extrême, un ex-identitaire issu d’un mouvement interdit il n’y a pas si longtemps, dont la cible privilégiée, il a annoncé clairement la couleur hier soir, va être la candidate LR. Ca promet ! La campagne ne va pas gagner en câlineries. Ca fait même peur ces menaces à peine voilées.
Le pire est peut-être en effet à venir pour Valérie Pécresse qui retrouvait hier son grand ami Laurent Wauquier au Puy-en-Velay, au pays de la dentelle, point de ralliement de nombre de…marcheurs attirés par les chemins de Compostelle! C’était émouvant ces retrouvailles, la dernière étape probablement de ce regroupement familial qui a vu précédemment la candidate « baiser la paire de babouches » de ses anciens adversaires de la primaire républicaine dans leurs fiefs respectifs, une louable intention pour bien montrer que la famille unie entoure sa candidate pour mener la droite à la victoire. Mais il temps, maintenant, que la présidente francilienne, repartie du fief de son hôte avec un bâton de pèlerin, cadeau de « Lolo », imprime sa marque. La sienne. Et n’enfile pas que les chaussons des cadors de LR du temps présent comme passé.
S’il est un candidat qui fait presque l’unanimité et loin contre lui, c’est bien le « coco » Fabien Roussel, nouvelle « coqueluche » d’une partie des « macronistes » et de la droite républicaine. Ils en pincent pour le secrétaire général du Parti communiste, le lointain successeur du camarade Marchais. Il nous manque celui-là. C’est vrai qu’avec le score que les instituts de sondages lui accordent, c’est plus facile. Il ne peut pas constituer une véritable menace. Le candidat des « jours heureux retrouvés » coche en effet pas mal de bonnes cases: pro-nucléaire, amateur de bonne bouffe et du bon vin, pas vraiment le couteau entre les dents, si ce n’est pour découper un morceau de fromage ou de viande en toute convivialité, il n’est même pas, le pire du pire, anti-chasseur. Il a en revanche tout pour déplaire aux écolos. Encore en effort Fabien, et tu peux coiffer sur la ligne d’arrivée la candidate socialiste Anne Hidalgo qui tenait meeting ce matin devant ses supporters.
A propos d’écolos, comment ne pas saluer l’arrivée d’un nouveau joueur dans la partie présidentielle, ex-candidat malheureux aux Régionales en PACA et à la dernière primaire verte (où il n’obtenu que 2,35 % des suffrages) Jean-Marc Governatori, pour « qui la stratégie de Yannick Jadot et d’EELV plombe encore plus l’écologie politique ». Il n’ira pas jusqu’au bout, mais il faut bien rire un peu…Ce que le « géant vert » ne doit pas trop faire. Il serait temps que les éoliennes en mer lui redonnent un peu d’énergie. Mais surtout pas celles prévues au large de Saint-Vaast-la-Hougue, dans le Cotentin, une grave menace pour l’une des fiertés du port normand élu plus beau village de France il y a deux ans, la tour Vauban, qui pourrait être déclassée, comme d’autres sur le territoire national, à cause de ce projet funeste supporté par la ministre Barbara Pompili. Au grand désespoir de Stéphane Bern. Il est furieux notre Monsieur patrimoine…Heureusement que des éoliennes ne sont pas prévues à petite distance de la Porte océane, le Havre. On va seulement les y assembler…C’est moins dommageable pour l’environnement et en plus des centaines d’emplois y sont prévus. Il n’est pas aisé de concilier l’inconciliable !
C’est très probablement pour faire plaisir à ses féministes les plus extrémistes que Yannick Jadot, par ailleurs, s’est décommandé de la matinale prévue initialement hier vendredi avec le journaliste Jean-Jacques Bourdin, soupçonné de tentative d’agression sexuelle sur l’une de ses jeunes collègues il y a plus de cinq ans. La première défection d’une longue série ? Ce n’est pas très glorieux, tout ça. Surtout au sein d’une mouvance politique particulièrement chahutée ces dernières années et surtout plus récemment avec comme point d’orgue la sale affaire Nicolas Hulot d’une toute autre ampleur. Ils savaient visiblement mais n’avaient rien dit. Ils ne sont pas sûrement les mieux placés aujourd’hui pour donner des leçons !