Quelle « affreuse gueule de bois » aux premières lueurs du jour d’après. Celle de la guerre. Et pas seulement pour l’autonomie de deux provinces du Dombass. Un prétexte fallacieux au désir de reconquête de ces terres offertes par Lénine à l’Ukraine en 1920. La diagonale du fou au pays du jeu d’échecs. A trois heures du matin, cette nuit, Vladimir Poutine est passé à l’action en annonçant le début d’une « opération militaire d’envergure ». Elle était préméditée et préparée depuis de longs mois, voire des années, depuis l’annexion si « facile » déjà de la Crimée.
Son allocution solennelle diffusée dans la nuit remontait elle, semble-t-il, à quarante-huit heures. Incroyable cynisme avec ce différé. Mais là, il ne s’agit plus d’un échiquier avec des simples pions noirs et blancs et de stratégie ludique, mais bien d’une invasion programmée à une grande échelle sur l’ensemble du territoire ukrainien, l’ancien grenier à blé de l’ère soviétique. La Russie est désormais le premier exportateur de cette céréale symbole devant son voisin ukrainien.
Une attaque éclair pour « démilitariser et dénazifier « ce pays, selon les propos guerriers de ce fou furieux, dont la nature, certes, n’inspirait guère à l’optimisme béat depuis tant d’années, mais tout de même. Aller jusqu’à menacer le monde entier de possibles frappes nucléaires, le maître du Kremlin, dans son délire paranoïaque de reconstitution d’une partie de l’ex-empire soviétique, est passé à une vitesse stratosphérique. Celle hélas de l’incertitude la plus totale pour notre vieille Europe qui n’avait pas connu pareil effroi depuis la fin de la Seconde guerre mondiale si l’on excepte la « guerre de religions » aussi dans les pays de l’ex-Yougoslavie. Les premiers obus russes sont en effet tombés à quelques dizaines de kilomètres les frontières polonaises cette nuit. L’impensable à ce niveau est arrivé. Et la riposte des alliés de l’Occident se doit d’être à la hauteur de l’événement. Ce qui ne va pas être aisé car les solutions économiques dont les effets restent très hypothétiques, sans tomber dans la panique générale au niveau du monde, ne sont pas faciles à trouver. A partir du moment bien sûr où il est hors de question que les militaires de l’Europe et des Etats-Unis répondent par les armes à cette violation et l’invasion inacceptables d’un pays souverain. Ce qui entraînerait le pire des pires des scénarios. Il n’y aura au final que des perdants. A une échelle encore inimaginable. Nos dirigeants de Washington à Berlin en passant bien sûr par Paris et Londres vont devoir faire preuve d’un exceptionnel sang-froid en ces circonstances dramatiques. On est entré peut-être dans un autre monde que l’on n’imaginait pas encore il y a quelques semaines.
Il va sans dire que la guerre déclenchée va avoir de lourdes conséquences sur l’élection présidentielle. Qui aujourd’hui bien évidemment passe en arrière-plan de nos préoccupations majeures. C’est d’autant plus dommageable que la journée de mercredi a été plutôt…renversante avec cette nouvelle addition de coups durs pour la candidate du parti des Républicains. Qui, aux premières heures, a dû déjà souffrir à la lecture d’une enquête de « Libération » l’accusant d’avoir profité de grosses poignées de manoeuvres frauduleuses lors de la primaire LR. « Une élection bidon » titre à sa Une le quotidien en repérant notamment des votes de plusieurs encartés hélas plus de ce monde et même encore plus cocasse, si l’on peut dire, d’un chien devenu une célébrité républicaine, répondant au prénom de Douglas. On ignore encore la race du votant. Et ce n’est pas une mauvaise blague. Heureusement que le bon toutou n’a pas ramené au siège de LR (en accusation) « Libé » dans sa gueule ! Ca pourrait presque nous faire sourire en ces temps tellement tragiques pour la paix dans le monde. Lorsqu’on y ajoute un dernier sondage « dévissant » de la candidate à 11,5 % soit seulement un demi-point d’avance sur le cinquième, Jean-Louis Mélenchon et les images désastreuses pour l’opinion d’un François Fillon, à la table des dirigeants d’un conglomérat russe gazier en présence d’un des très proches de Poutine, datant d’à peine un mois, la coupe était pleine. En état de surdose avec qui plus est un ajout de possible double jeu du maire de Cannes, David Lisnard, qui, à titre personnel, annonce parrainer Mélenchon mais qui, au nom de l’Association nationale des maires, refuse de participer à la réunion initialement prévue aujourd’hui (mais forcément annulée) à Matignon pour évoquer le sujet délicat des signatures au profit des candidats encore en difficulté. L’ancienne tête de liste LR aux Européennes, François-Xavier Bellamy, a elle décidé d’apporter son parrainage sans soutien à Monsieur Z pour qui il voterait néanmoins, le cas échéant, comme Eric Ciotti, au second tour contre Emmanuel Macron. Ca a le mérite d’être clair ! Contrairement à l’attitude de tant d’autres républicains de l’état-major de la rue de Vaugirard et d’élus du parti répartis sur l’ensemble du territoire. C’est normal, ils ne peuvent pas concevoir un second tour sans leur candidate !
Même si ce film ne fait pas partie de préférés de la « cinévore », « La scoumoune » a poursuivi et frappé hier la candidate LR. Il est grand temps qu’un nouveau « Bébel » vienne la secourir…dans une dernière ligne droite de tous les dangers. Pas seulement franco-française, hélas ! Comme la fuite ridicule orchestrée par le parti présidentiel « En Marche », annonçant aussi hier mercredi la tenue d’un premier meeting à Marseille, le dimanche 5 mars, alors que le sortant davantage préoccupé par la situation aux portes de l’Europe (on le serait à moins !) n’a toujours pas officialisé son engagement dans une campagne hors du commun compte tenu de l’actualité internationale. Etait-ce bien judicieux ?
En attendant plein soutien au peuple ukrainien. Notre seule et grave préoccupation immédiate. Avec une seule couleur ce jeudi: le jaune et le bleu. Le si beau pavillon hissé haut par l’un des plus grands champions d’athlétisme de ce pays, le perchiste Sergueï Bubka. Qui était finalement beaucoup moins…perché haut que Poutine! Mais ça on le savait déjà…Lui a déjà franchi cette nuit la barre de l’infranchissable !