Il vaut mieux être électeur dans nos départements et territoires d’outre-mer qu’en Chine et plus précisément à Changaï où, en raison du confinement de la ville les « expatriés » mais électeurs français, au nombre de plus de 2.000, ont été invités à rester chez eux. Aucune dérogation possible. Ca ne rigole pas au pays de naissance du Covid 19. Il y a en revanche la queue devant les bureaux de vote canadiens pour nos compatriotes. C’est plutôt rassurant un pays démocratique par les temps qui courent.
En Polynésie, comme dans l’ensemble de nos territoires placés sous la responsabilité du ministre eurois, Sébastien Lecornu (je peux parler de lui, il n’est pas encore candidat à l’investiture suprême) les jeux sont faits. Et on ne peut pas dire que nos amis de Papeete et des iles Marquises aient fait preuve d’un très grand civisme. La participation serait en baisse de 5 %. Pas bien…
C’était jour de vote tôt aussi pour notre ancien Premier ministre havrais, Edouard Philippe. A huit heures pétantes, de son pas assuré et de sa grande foulée, il a fait son apparition dans son bureau de vote. A jamais le premier le « Doudou » havrais. Et c’est sans bulletin de vote, ce n’est pas nécessaire dans la cité maritime, il a appuyé, pas très éloigné de quelques caméras et micros, sur le bon bouton. Electronique mais néanmoins secret. Sans passer par l’isoloir. Ce que je ne pourrai plus faire hélas! après cette belle parenthèse de dix ans sur les galets havrais. Pour le confort, je n’ai vraiment pas perdu au change avec cette plage magnifique du Sillon malouine. Et franchement les remparts et son hôtel de ville niché dans l’enceinte de la ville corsaire, c’est quand même plus glamour et historique que la très haute maison commune havraise de pur style stalinien. Pardon pour cette offense (j’irai à confesse) mes amis havrais. En revanche plus de bouton mais un bulletin papier. J’avais commencé ma carrière professionnelle du temps de VGE et de Mitterrand sur un autre littoral tout aussi agréable, la Vendée et les Sables d’Olonne. Au pays du Vendée Globe. C’est quand même plus classe que la Transat Jacques-Vabre ou la Course du Rhum. J’aggrave vraiment mon cas déjà désespéré. Mais c’est toujours mieux qu’une modeste régate en canoé sur…le bras d’eau autour de l’hôtel de ville d’Evreux. Je risque l’interdiction de séjour définitive dans la ville chef-lieu de l’Eure pourtant chère à mon coeur. J’essaie de me rattraper aux branches des magnifiques berges de l’Iton découvertes.
Ah le papier il n’y a que ça de vrai, même si l’électronique électif ce n’est pas mal non plus. Et pour la première fois depuis quarante ans ou presque par méconnaissance-encore-du terrain politique local (la vieillesse est vraiment un naufrage surtout au bord de mer, je ne vais pas passer ma journée dans les bureaux de vote de ma ville. C’est sûr que ça va me manquer. C’est la vie…Je fais confiance aux réseaux sociaux et à tous mes ami(e)s pour qu’ils m’envoient un petit air du pays à l’heure du vote (même si pas mal sont pris par leurs obligations d’élu) . Un scrutin crucial.
Et ce d’autant plus qu’il s’agit d’élire pour cinq ans le futur ou la future locataire du palais présidentiel, l’ancien Hôtel d’Evreux (cela ne s’invente pas) construit par la volonté, en 1720, d’un négrier fortuné (pléonasme) pour y loger sa fille et son gendre, Louis Henri de la Tour d’Auvergne (rien à voir avec les deux futurs présidents auvergnats de la V e République, Georges Pompidou et VGE). Une charmante demeure sise près des Champs Elysées (d’où sa nouvelle dénomination au lendemain de la Révolution) acquise trente ans plus tard sur ses propres deniers (on a sa fierté !) par la célèbre favorite de Louis XIV, la marquise de Pompadour !
Si deux des présidents sans grand pouvoir à l’époque, Sadi Carnot et Paul Doumer y finirent leur vie après avoir été transportés après des coups portés par un anarchiste italien et un réfugié russe, un troisième locataire est davantage resté célèbre, Felix Faure, autre havrais comme l’un de ses successeurs, René Coty, pour y avoir perdu définitivement connaissance dans les bras de sa maîtresse. Le mandat de Georges Pompidou y fut abrégé dans les circonstances dramatiques que l’on sait un soir d’avril 1974.
Saviez aussi qu’un illustre…inconnu pharmacien de Honfleur, Paul Démarais, connut son heure de gloire en avril 1939, (si j’ose dire) quelques semaines seulement avant la déclaration de guerre de l’Allemagne nazie, où il n’obtint qu’une seule voix des députés et sénateurs qui alors élisaient le président de la République. Alors que le plus mauvais candidat au niveau des urnes reste toujours à ce jour un candidat fédéraliste européen, Guy Héraud, qui, en 1974, recueillit sur son nom de héros pour l’histoire, 0,007 % des suffrages. Le record ne sera pas battu ce soir…Et ça, c’est la seule certitude de ce scrutin. Avec une autre: le président de la République ne « fêtera » pas la soirée du 1 er tour à la « Rotonde ». Ce qui lui avait été reproché il y a cinq ans.
Pour le reste, rendez-vous pour un premier debrief présidentiel en soirée sur les deux finalistes. A moins bien sûr que la finale n’oppose en cas de grand malheur deux extrêmes. Je ne donnerai pas davantage de noms. Mais là dans cette éventualité, deux hypothèses s’offrent à moi: je prends le maquis ou pire encore je demande l’exil politique au grand bienfaiteur de l’humanité, Vladimir Poutine ! Pas de blagues, les amis…Je compte sur vous ! Ce sera hélas trop tard pour un certain nombre de mes fidèles lecteurs plus tardifs même si les électeurs bénéficient d’une heure de rab dans nombre de villes. Ça ne va pas faciliter les fuites avant 20 heures !