Trois heures de débat sans la moindre concession. Viril et musclé mais resté dans les limites acceptables. Un combat sans ko. Et pas davantage de naufrage comme il y a cinq ans. Et pourtant en moins de trente minutes, le match était déjà presque plié avec un set gagnant d’entrée pour le président.
Largement dominée aux points et…poings par le champion sortant, « Ma.Ruine » le Pen, avait déjà perdu beaucoup de sa superbe sur un sujet qui devait au contraire la propulser dans les meilleures dispositions pour la suite de la confrontation: le dossier du pouvoir d’achat.
Echec et mat sur une ligne de défense globalement pas très convaincante face à un adversaire plus offensif que prévu. Il les a lâchés les coups, le « Manu ». Sans mâcher ses mots. En en gardant néanmoins au fond de la gorge ce qui a dû le démanger fortement: « mais qu’est-ce qu’elle est nulle ». Il s’est retenu mais sa gestuelle et ses mimiques parlaient pour…ou contre lui. Avec un soupçon de condescendance certes…C’est aussi sa marque de fabrique. Un premier de cordée opposé à une candidate souvent sur le « reculoir » et dans les cordes ! Surtout dans les premières minutes, victime de sorties de route à cause d’aquaplaning. Route glissante pour Marine, touchée mais pas coulée néanmoins.
Question efficacité il n’y avait en revanche pas photo. La photographie sondagière sortie de la confrontation s’est révélée…parlante, elle aussi : 59 % contre 41 % de téléspectateurs convaincus en faveur de celui qui, par son comportement, aussi plus agressif que sa rivale, régulièrement coupée dans son expression, s’est davantage positionné en tant que challenger marchant sans arrêt sur son adversaire, souvent saoulée de coups. Elle les a encaissés sans trop broncher, mais pas tous. Ainsi sur sa relation avec Poutine, l’un des moments forts du débat. « Ce n’est pas à la Russie que vous parlez, mais à votre banquier Poutine dont vous êtes dépendante pour vos prêts. Ce n’est pas pareil » . Il avait bien préparé ses biscuits ou plutôt ses munitions. Ce à quoi elle lui répondit: « je suis une femme totalement libre ». « Ben voyons », aurait pu lui souffler dans le creux de l’oreille, son paratonnerre du 1 er tour, Eric Zemmour !
Un match de petites phrases qui néanmoins ne resteront pas dans les annales comme certaines restées historiques des débats précédents: Le Pen comparée au magicien Gérard Majax (bof !) et Macron de « Mozart de la finance qui a le bilan économique le plus mauvais des présidents ». « Climato-sceptique » contre « climato-hypocrite ». Du vent, beaucoup de vent. Où encore d’autres missiles « macroniens » : « je suis autant français que vous et vous mentez régulièrement sur la marchandise ». Une évidence certaine. La leçon du maître à l’élève encore bien insuffisante sur tout ce qui relève de l’économie: « vous savez, tacla-t-il aussi sévèrement, « les territoires d’Outre-mer, ce n’est pas l’étranger, c’est la France ». Prends ça dans les dents Marine avec un beau collier de fleurs en prime. Il n’ira pas jusqu’à l’enduire de pommade ou crème pour lui éviter les coups de soleil ultramarins. Ca ne se fait pas devant des millions de téléspectateurs.
Contrairement à tellement de nos compatriotes encore curieusement hésitants, je n’ai pas eu besoin de cette explication au sommet (limité tout de même, même s’il est loin d’avoir été soporifique) suivie par un peu plus de 15 millions de nos compatriotes pour m’aider à effectuer le bon choix pour mon pays et pas que pour ma « pomme ». Les pépins attendront car les temps futurs ne s’annoncent pas des plus jouissifs avec cette actualité et des impondérables comme la France, l’Europe et le Monde ont connus ces trois dernières années. Surtout si la France vire à l’extrême…catastrophe ! Ce n’est très vraisemblablement pas cette finale cathodique en effet qui risque de rebattre les cartes. Mais tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, restons sur nos gardes.
« Vivement dimanche prochain » sans le tapis rouge de Michel Drucker et son chien sur canapé de la même couleur. Je ne suis pas sûr que beaucoup d’indécis aient été convaincus par celle qui, certes, n’a pas sombré comme le Titanic ou le croiseur russe en Mer noire , mais qui, pour autant, n’a pas renversé la table. Nous en étions bien éloignés. Les lignes ne risquent pas trop de bouger d’ici à dimanche. Si ce n’est un peu plus favorablement pour le tenant du titre suprême. Et il est très improbable qu’elle ne quadruple sa classe l’élève en progrès, mais pas encore au niveau. Pour une quatrième tentative en 2027, même si elle améliore encore un peu sa note électorale. En revanche, pas de souci si elle souhaite prendre la présidence de la Société nationale des animaux (SPA) . Je voterai pour elle…Par la pensée car je ne suis pas adhérent. Et ma carte d’électeur, en la circonstance, ne suffira pas ! Ce qui ne veut pas dire pour autant que je n’aime pas les compagnons à quatre pattes !
PS: Invité de la matinale de RTL ce jeudi, l’ancien Premier ministre, Edouard Philippe, a jugé ce débat « éclairant et jamais ennuyeux avec un candidat président faisant preuve de grande maîtrise et une adversaire globalement pas très convaincante, même sur le dossier du pouvoir d’achat« .
Titillé par son intervieweuse sur le score de Jean-Luc Mélenchon dans sa ville du Havre (30 %) le président de « Horizons » ne s’est pas démonté. « C’est même un peu moins en nombre de voix que la dernière fois. Le Havre qui est une ville ouvrière vote toujours au presque à gauche lors des élections nationales et le président y a réalisé un score nettement supérieur qu’en 2017 ». Un scrutin qui, faut-il le rappeler, avait permis au candidat Fillon de quadrupler le score atteint l’autre dimanche par son ancienne ministre. Ce qui n’est pas rien.
Heureusement qu’il y a les élections municipales…aurait-il pu ajouter en réitérant qu’en cas de victoire de Marine Le Pen, « il ne déroberait pas » à savoir être candidat aux législatives. Pas de blague…car le « Doudou » havrais n’a pas du tout envie de revenir siéger au Palais Bourbon, mais plutôt de diriger d’un peu plus loin le groupe qu’il souhaite le plus fort possible, de sa formation naissante « dans la loyauté de la majorité présidentielle à Emmanuel Macron »…