Elle est déjà sur l’un des ponts de Paris en milieu d’après-midi. Respectant encore grâce à son chauffeur, les feux de signalisation et les priorités. Un accident est si vite arrivé ! Ça la foutrait mal. Elle n’est pas encore officiellement dans ses nouveaux habits de cheffe de gouvernement. Direction l’Elysée pour un nouvel entretien avec le président de la République. Une entrée par l’accès discret de la grille du « Coq ». Elle était sortie de son ministère par la porte dérobée pour tenter d’échapper à des voitures suiveuses. Raté. Le balai des voitures est fascinant comme un soir de présidentielle et l’avait été la nomination beaucoup plus surprise du maire du Havre, Édouard Philippe, il y a cinq ans ! Et son jeu du chat et de la souris dans les dernières heures parisiennes avant sa désignation avec les motos et voitures des journalistes. Et qui avait tenu à l’époque en haleine surtout ses concitoyens havrais suivant l’évolution de leur maire.
En position de favorite, sinon de force, depuis le début et en compétition avec quelques unes principalement des prétendantes de gauche et de droite, la ministre du Travail, une technicienne reconnue pour son expérience, a passé avec succès les derniers obstacles . Elle incarne de toute évidence le changement dans la continuité, même si elle se situe plutôt à gauche par rapport à ses deux prédécesseurs.
Et « Dieu » a donc recréé la femme Première ministre. Le jour de gloire est arrivé. Et « l’ignoble » Jean-Luc (Mélenchon) s’est gaussé avant même son arrivée officielle à Matignon. « Je vous présente celle qui va me précéder. Son intérim va être court». Toujours le mot pour rire.
Nous n’en sommes pas encore là, et des désirs à la réalité, il y a probablement un pas de géant. Mais là, dans cette hypothèse çe serait un record de moindre longévité. Edith Cresson, sous…François Mitterrand, avait tenu dix mois avant d’être remplacée par Pierre Bérégovoy. Et pas seulement parce qu’elle était une femme, il est vrai peu épargnée par ses propres amis socialistes et toute la sphère médiatique acharnée contre elle.
Nul doute que la nouvelle et discrète chef du gouvernement, Elisabeth Borne, une polytechnicienne, ancienne dirigeante de la SNCF puis patronne de la RATP, ancienne directrice du cabinet à l’Environnement de Ségolène Royal, préfète de la Région Poitou-Charentes, et surtout ministre depuis l’élection du chef de l’Etat, il y a cinq ans, espère faire mieux…après que trois Premières ministrables pressenties aient officiellement fait part ces dernières semaines et même jours de leur refus de rejoindre Matignon. Ce n’est jamais facile de ne pas être forcément un premier choix…éventuel ! Elle devra néanmoins passer par une haie importante, sa première élective, sa législative en juin prochain dans le Calvados dans une circonscription a priori imperdable. Reste qu’une défaite est toujours possible et ça serait un départ précipité…Sa nomination ne va pas toutefois bouleverser les chaumières, même normandes. Elle était attendue. Et les superlatifs des éditorialistes, déjà sous le charme, ne vont pas davantage manquer sur ses nombreux et nouveaux mérites. Ses opposants, très rapidement dans un concert de postures un peu pitoyables l’ont déjà matraqué! Bienvenue Madame la Première ministre. Elle doit aussi son entrée à Matignon au fait qu’une fronde s’est levée dans les dernières quarante-huit heures contre Catherine Vautrin chez des très proches du président qui, au final devant ces pressions a préféré céder.
Jean Castex, très heureux de passer le flambeau ce soir, n’a pas manqué sa sortie. Particulièrement chaleureuse et réussie…