Que de circonvolutions langagières dans les états-majors politiques depuis dimanche soir ! Et tout ça principalement parce que dans une soixantaine de circonscriptions seulement (c’est déjà beaucoup trop sur 577) , le duel va opposer un candidat du cartel hétéroclite des gauches à un représentant du Rassemblement national. Et qu’a priori le coude-à-coude incertain dans une grosse vingtaine de circonscriptions ne va pas tout de même pas bouleverser l’issue du match. Il faut reconnaître que ça a bien pataugé dans les premières heures dans le camp majoritaire avec des versions contrastées. C’a n’a pas aidé la meilleure compréhension !
Le cas par cas ne semble-t-il pas en effet plus en effet judicieux, le cas échéant, car l’étiquette NUPES recouvre bien des différences au niveau de leurs candidats. Qu’ils soient insoumis d’origine ou soumis pour des raisons uniques de survie électorale au dictat de Jean-Louis Mélenchon.
C’est quand même drôle, enfin façon de parler, d’entendre l’éternel donneur de leçons et général en chef de la gauche parfois anti-républicaine lancer hier soir un « émouvant » appel en direction, pour d’autres cas de figure, aux « fachos par trop fâchés. Voter RN ça ne sert à rien, ses députés ne feront rien. Qu’ils viennent voter pour nos candidats lorsque les leurs sont éliminés ». Soit une inversion douteuse de ce qu’il évoquait encore dans un passé récent en évoquant les « fâchés pas fachos ». La nuance est d’importance. Peut-être ne s’agissait-il que d’un léger lapsus. Pas sûr. Ces consignes de vote ou appels, voire même ces injonctions, nos compatriotes n’en ont-ils pas ras le bol, à un moment où la participation, dimanche, s’est encore réduite pour atteindre péniblement à ce scrutin législatif la barre de 48 %.
Et que 70 % des jeunes ne se déplaceront même pas. Et qu’une très forte majorité de cette classe d’âge, notamment de très nombreux étudiants qui votent, en pincent pour leur Dieu qui leur promet la lune: entre autres la retraite à 60 ans et des semaines de plus en plus courtes pour travailler ! Elle n’est pas belle notre jeunesse ? De belles aspirations et ambitions pour le futur. C’est un autre débat…
Comme celui de la pertinence ou non, pour le chef de l’Etat, de se déplacer aujourd’hui et demain en Roumanie (où il va rencontrer notre force d’intervention de 500 hommes et femmes en mission sur le sol roumain en bordure de la Mer noire sous l’égide de l’OTAN) puis en Moldavie. Avant peut-être de bifurquer vers Kiev. Les mêmes qui hurlent aux loups depuis des semaines sur la faute politique éventuelle du président de la République de ne pas s’être déplacé dans la capitale ukrainienne jusqu’alors, vont forcément tonner de la même voix pour lui reprocher ce geste possible à interprétations diverses entre les deux tours du scrutin. Ce déplacement d’un premier abord inopportun au niveau du timing à un moment où nos compatriotes pensent davantage à leur pouvoir d’achat et aux élections nationales (enfin pas tous) , n’aurait un sens que si Emmanuel Macron, président de l’Europe jusqu’à la fin du mois de juin, se trouvait accompagné de plusieurs de ses homologues et chefs de gouvernement européens, notamment allemand et italien.
Il ne faut pas y voir, bien évidemment, la moindre injure à son accompagnateur de Vernon, le tout nouveau jeune ministre de la Défense, Sébastien Lecornu. Qui donc pendant plusieurs jours va faire défaut à « ses » candidats » dans l’Eure. Un quatuor de mousquetaires, qui n’a pas encore victoire gagnée et passé au fil de l’épée électorale ses opposants du Rassemblement national, en tête dans chacune des cinq « circos » du département. Je ne sais d’ailleurs si un meeting commun est prévu au plus tard jeudi chez leur ami maire d’Evreux, Guy Lefrand dont les candidats ont été passés par les armes, ou plutôt par les bulletins dans les urnes…Peut-être qu’il n’y a pas de salle disponible dans la « Cité-Jolie » !
Après tout, qui en voudrait à « Ensemble-Renaissance » de tenir une réunion commune ? Ca ferait aussi une soirée sympa (à moins qu’ils ne préfèrent ceux du RN ?) pour les électeurs et électrices de Jean-Luc Mélenchon orphelins de finaliste, si l’on excepte celui de Louviers. Qui d’ailleurs, au passage, a posté très vite hier un message de soutien aux forces de police, après que trois fonctionnaires du commissariat de Val-de-Reuil aient été blessés. C’est un motif à recevoir des coups de règle sur les doigts par le « grand patron » de la NUPES ! Soutenir des policiers, quelle idée saugrenue ! Je plaisante.
C’est doublement la côte d’Azur (avec le ciel bleu mais sans les cigales) sur la côte d’Emeraude (Dinard-Saint-Malo) dans la circonscription bretonne, où a été tournée l’hiver dernier une énième version des Mousquetaires d’Alexandre Dumas avec pour décors les remparts de la cité corsaire. C’est un nouveau duel au…couteau qui s’annonce entre les deux finalistes, Jean-Luc Bourgeaux, le sortant, ex-suppléant LR de celui est devenu maire de Saint-Malo, en 2020, celui-endossant à son tour la tunique inverse avec le rôle de « remplaçant » pour booster son candidat et celle qui avait été battue aux municipales, comme tête de liste, investie par la majorité présidentielle, Anne Le Gagne.
La gériatre de profession espère bien prendre sa revanche. L’issue de ce match à l’affiche finale rare (si l’on excepte les affrontements épiques entre anciens frères de la Cote d’Azur de droite du côté de Nice où ça cogne très fort) est très incertaine avec seulement les trois points d’avance que compte la candidate sur son rival. Rien n’est joué. Mais entre nous, et surtout ne le répétez pas, ma position d’électeur est tout de même plus confortable que celle de mes semblables de la la soixantaine de circonscriptions où il n’auront que le choix pour reprendre une expression galvaudée et utilisée il est vrai à toutes les sauces « qu’entre la peste ou le choléra ! » Là aussi il existe de fortes nuances au niveau des pandémies.