C’est drôlement vintage. Le « Muppets show » est de retour sur notre petit écran. Avec dans le rôle des marionnettes, les leaders et leurs lieutenants des quatre partis de gauche réunis sous la même casaque nommée NUPES. Une bonne coiffe pour gagner-pas tant qu’espéré-des législatives. A peine élus grâce à cette coalition de seule circonstance électorale, les nouveaux parlementaires s’envoient des mots doux et entendent faire chambre à part.
Ne serait-il pas déjà un peu…cocu le chef de gare de triage de la France Insoumise. C’était couru d’avance. Chacun son quai. Pas question pour les formations socialistes, écolos et communistes de perdre leur indépendance et d’intégrer un groupe sous la tutelle autoritaire des Insoumis. Chacun sa route. Chacun son destin.
Quoi de plus logique puisque leurs propositions étaient tellement éloignées sur tant de dossiers importants comme l’Europe, le nucléaire et la police ! Ce mariage d’amour forcé pour leurs candidats désireux de se qualifier pour le second tour et de remplir les caisses très vides de leurs partis ne pouvait pas dépasser le cap de dimanche soir. Tant pis pour leurs électeurs, une fois encore partiellement trompés sur la « marchandise » de l’union. Et sur cette chimère destructrice d’une gauche qui au final ne dépasse pas de beaucoup son dernier étiage législatif, alors que Jean-Luc Mélenchon se voyait élu à Matignon. Une seconde escroquerie bien entretenue par la sphère médiatique et relayée par certains qui avaient tout intérêt à essayer de faire peur.
Elle est tellement hélas significative cette priorité donnée par quelques voix des plus radicales entendues sur le chahut susceptible d’être provoqué dès la reprise des hostilités à l’Assemblée. La verte Sandrine Rousseau a déjà donné le ton: sa première préoccupation aujourd’hui sera de hurler avec ses amis dans l’Hémicycle …contre le député de l’Ain et nouveau ministre, Damien Abad, bien réélu dimanche.
C’est vrai que la France, devant un tel bazar ambiant, n’a qu’une seule idée en tête: l’avenir ministériel de l’ancien président du groupe LR au Palais Bourbon. De qui se moque-t-on ? Alors que d’autres n’ambitionnent que de mettre le chaos dans les travées du parlement. Motion de censure, motion de censure. C’est la petite musique entendue pour se mettre en forme justement avant la fête de la musique de ce soir, un bon prélude à un festival de couacs qui est loin d’épargner la petite majorité présidentielle, qui, dimanche soir, à plusieurs voix, en dépit de la claque, faisait comme si il ne s’était rien passé, ou presque, au fond des urnes. Ce qui est tout aussi grotesque. Quel déni !
Et pendant ce temps-là à l’Elysée, le chef sonné reçoit. Hier ses alliés du MoDem et de « Horizons » pour un déjeuner de travail avec sa Première ministre, Elisabeth Borne et ses deux invités, François Bayrou et Edouard Philippe. Et ces deux prochains jours les chefs des formations politiques. Avant qu’il ne s’intéresse une fois encore aux affaires de l’Europe et du Monde. Il est grand temps que sa présidence européenne s’achève. Elle lui aura coûté beaucoup en énergie avec comme point d’orgue bien sûr la guerre en Ukraine. Et les électeurs et électrices se sont aussi vengés de ses absences répétées depuis sa réélection fin avril. Sept semaines ou rien ou presque pour accoucher d’un gouvernement au casting perdant au bout de trois semaines et oublier de parler des sujets de pouvoir d’achat qui préoccupent en priorité nos compatriotes. Sans parler du douloureux épisode du Stade de France qui probablement lui a fait perdre une majorité absolue. Des millions de français ont éprouvé l’impression, à tort ou à raison, que les affaires franco-françaises « l’emmerdaient ». Avec une telle actualité internationale mortifère, il bénéfice tout aussi honnêtement de quelques circonstances atténuantes.
Jupiter a néanmoins perdu la main. Et on va voir avec cette nouvelle configuration politique inédite ce qu’il a dans le ventre. A situation nouvelle un président nouveau. Est-ce possible ? L’espoir fait vivre. Il nous a déjà montré ses capacités dans plusieurs tourmentes. Il est contraint cette fois-ci de ne plus perdre trop de temps, même s’il aime justement le prendre et surtout pas sous la contrainte.
Cela toutefois n’a que trop duré, alors que nous nous retrouvons dans le dur avec une majorité très relative à l’Assemblée et qu’il n’existe pas davantage aujourd’hui et encore moins de majorité alternative. Au moins ces prochains mois. Ceux et celles qui ont été élus ou réélus dimanche, de gauche comme de droite et des extrêmes, n’ont aucun intérêt au blocage et au chaos. Ils en paieraient un prix fou en cas de dissolution rapide ! Peu probable…
Dernière heure: Elisabeth Borne a rendu ce matin sa démission au chef de l’Etat. Et Emmanuel Macron l’a refusée « afin que le gouvernement reste à la tâche ». Pour combien de temps ? Le plus court sera le mieux. Wait and see ! Le boss de l’Elysée joue la montre comme souvent. Il faut en avoir du flegme britannique pour en avaler des salades. Ce n’est pas pour autant que Elisabeth Borne a signé un long bail à Matignon. Où elle reçoit (elle aussi) aujourd’hui ses ministres dont ses trois collègues ministres battues aux législatives.
C’est quand même bien curieux que cette info importante intervienne alors que le président de la République s’apprête, à partir de ce mardi, à mener des consultations, espère-t-on constructives avec ses opposants politiques peu enclins pourtant à lui faire des cadeaux. Les Républicains compris, qui privilégient encore de façon très majoritaire vouloir rester dans une opposition très ferme. Jusqu’à quand et jusqu’où ?
Il était tout aussi évident que devant l’empressement des oppositions et même d’une partie de son propre camp l’invitant à se débarrasser d’Elisabeth Borne, le chef de l’Etat la sauverait d’un départ rapide. Il n’est vraiment pas du style à se faire tordre le bras ! Et de se déjuger aussi vite…
Vu l’ambiance délétère générale, il me vient de répéter cette blagounette entendue ce matin, liée à la première dame, Brigitte Macron: « mon mari je l’ai connu alors qu’il n’avait pas la majorité »… Et ça ne date pas de dimanche, pourrais-je ajouter…Il va sans dire que « Birgit » ne se serait jamais permise en vérité de lancer cette boutade toute personnelle !