A quelques petites nuances près, ils sont sur la même ligne. Elle est pas belle la vie même entre des frères très peu siamois du camp élyséen, Edouard Philippe et François Bayrou, partisans d’une coalition la plus large possible en portant surtout leur regard vers leurs anciens amis de droite et du centre ! Qui, pour le moment au moins, par la voix de leur président LR jusqu’à début juillet, Christian Jacob, refusent toute compromission et en même temps « tout blocage. » Attention aux élongations!
Le chef de l’Etat irait même plus loin (je demande à voir) jusqu’à évoquer la possibilité d’une union nationale. Elle peut toujours être mise sur la table. Bon courage Monsieur le Président. Il peut toujours tenter l’impossible, mais là la barre est haute. Trop haute et surtout même pas souhaitable avec toutes les oppositions actuelles les plus radicales et extrémistes. Cette hypothèse d’union nationale n’a aucune chance d’aboutir. Ce n’est pas autre chose qu’un leurre en direction de l’opinion publique prise à témoin d’un possible bloquage dans un délai encore inconnu.
Qui imagine le futur « pré-retraité » Mélenchon qui, hier, a fait son dernier show à l’Assemblée nationale, entouré de ses fils, filles et même presque ses petits-enfants de la France Insoumise s’assoir à une hypothétique table du Conseil des ministres ?
Le « fruit » Elisabeth Borne « cette femme illégitime » selon le grand maître de LFI, n’est pas encore davantage assez mûr pour le ramasser.
Quelles belles images symboliques avec ce poing levé comme ses amis députés sur les marches du palais Bourbon, hier, dont la tenue vestimentaire est plutôt décontractée! Il ne manquait (c’est pour rire !) que l’interprétation de l’Internationale ! Ca promet et la suite devrait être du même « tonneau ». L’une des élues les plus emblématiques de LFI, Rachel Keke, qui vient de couler aux législatives l’ancienne nageuse et ministre des Sports, a annoncé son projet de venir dans les travées de l’Hémicycle en tenue ivoirienne de son pays d’origine. Folklore sur les bancs…
C’est un tout autre folklore qui nous est proposé dans le département de l’Eure sonné par l’élection de quatre députés sur cinq du Rassemblement national. La gauche reprenant son ancien fief de Louviers-Val-de-Reuil avec un nouveau jeune socialiste aussi prometteur qu’ambitieux, Philippe Brun, vu aussi à la télé aux côtés de ses amis de la NUPES dans l’Hémicycle. Une erreur de fléchage probablement.
Victimes d’aphasie subite plusieurs élus d’importance ont heureusement retrouvé leur voix ou plutôt leur plume. Normal pour des « chapeaux à plumes » de la Macronie et de son opposition, de droite et du centre. Le premier à s’être exprimé n’est autre que le sénateur centriste Hervé Maurey, le vainqueur de Sébastien Lecornu aux sénatoriales, toujours sévère lorsqu’il s’agit de taper sur ses ex-amis de l’Eure, le gouvernement et le chef de l’Etat avec une nouvelle version du si magnifique chant des partisans « ami entends-tu…«
L’ancien maire de Bernay nous parle d’un résultat « tout à fait inattendu » qui a abouti à la défaite des cinq députés En Marche. « Monsieur Lecornu devrait se poser des questions. Il faut espérer que Emmanuel Macron et ses ouailles euroises entendent le message des urnes ». Ce à quoi le tout jeune ministre de la Défense, Sébastien Lecornu lui renvoie une balle sifflante sans citer nommément ses cibles (ce n’était pas la peine on les connait ): « par leur démagogie et silence coupable, certains élus se sont rendus complices et acteurs de la victoire du Rassemblement national. Ils devront l’assumer y compris devant leurs électeurs ».
Amour toujours. « Seb » voulait-il parler entre autres de son ennemi préféré, le maire d’Evreux, Guy Lefrand, qui, dimanche soir, dans son bureau de l’hôtel-de-ville, avait convié en petit comité quelques amis politiques et proches à partager le verre de l’amitié et de la concorde…anti macroniste. Et même, quelle vilaine pensée, à lire la presse locale, pour qui les occasions de se payer, parfois à tort et parfois à juste raison, sa cible préférée, à célébrer la défaite des quatre députés marcheurs qui néanmoins dans sa ville, pour les deux concernés, ont remporté assez largement la mise. Une maigre consolation toutefois pour les deux ex-députés désormais « Ensemble-Renaissance » (une appellation très mal choisie à son origine) victimes essentiellement du vote rural. Mais pas seulement ! Un doux euphémisme.
Il semblerait plutôt, fenêtres ouvertes, que quelques voix plus porteuses à l’extérieur que d’autres, aient salué devant la télé principalement l’échec de plusieurs proches du Président (Castaner et Ferrand) et même peut-être un peu plus fort sur l’annonce de l’échec indéniable d’un autre président, départemental celui-là via son candidat vernonnais, François Ouzilleau.
A ce propos, sur la durée, le ministre de la Défense, un poste régalien de la plus haute importance, pourra-t-il bénéficier longtemps de l’indulgence du « château » à l’égard du cumul de ses deux postes exécutif et ministériel ? Qui pourrait faire l’objet, sais-t-on jamais, d’une des premières questions au gouvernement à l’Assemblée nationale !