Une fausse bonne idée dans sa priorité ! Pas de panique…

Serions-nous à la traine des talibans américains avec santiags ? De cette Amérique qui, à bien des égards, nous fait peur. On peut en effet s’interroger sur la caractère d’extrême urgence qui s’imposerait à nous, celle liée à la décision monstrueuse de la Cour de justice américaine de refuser le droit d’avortement des femmes dans les états le souhaitant. Un retour en arrière affolant qui a justement affolé tout le week-end une partie de la planète. Et une certaine panique même sur notre territoire. Avec de gros moulinets pas totalement innocents compte tenu des circonstances politiques. C’est de bonne guerre de commencer éventuellement avec un dossier a priori très consensuel avec l’heureuse probabilité d’une belle unanimité. Ou presque. Alors que la locataire de Matignon, Elisabeth Borne, a jusqu’à la fin de la semaine pour trouver des solutions plus délicates pour le futur, alors que dans le même temps 70 % électeurs et électrices des Républicains seraient favorables à une alliance gouvernementale avec les « hommes et les femmes » du Président… Contrairement et de beaucoup à la position de leurs dirigeants droits dans leurs bottes. Le maire de Béziers, Robert Ménard, soutien souvent critique de Marine Le Pen, n’éprouverait pas les mêmes « pudeurs de gazelle » si le chef de l’Etat lui proposait de rejoindre le Conseil des ministres…

Partenaire de la majorité gouvernementale, le président du MoDEM, François Bayrou, à titre personnel, est monté au créneau. Il estime, sans langue de bois, non prioritaire la proposition éventuelle d’une loi constitutionnelle pour inscrire dans le marbre la loi Veil datant de 1975. Ne faut-il pas se poser comme lui cette question: est-ce franchement utile au pays d’évoquer en ce moment la tenue future d’un congrès avec les deux assemblées puis un éventuel référendum sur cette question et ce d’autant plus qu’elle fait consensus. Tant auprès de la classe politique que de l’opinion publique qui, à 90 %, peut-être, soutient ce droit. « Personne ne la remet en cause chez nous. Notre civilisation n’est pas le décalque de ce qui se passe aux Etats-Unis  » a tonné le béarnais.

On ne peut pas lui donner tort sur le coup. N’est-ce pas pure folie que devant certes une légitime émotion venue d’outre-Atlantique, on soit prêt à modifier en urgence notre constitution.

Même si quelques dirigeants et dirigeantes du camp présidentiel pointent du doigt les quelques velléités de réactionnaires à droite et surtout de la droite extrême pour remettre en cause ce droit d’interruption volontaire de grossesse. Qui, jusqu’à preuve du contraire ne semble pas néanmoins menacé de façon imminente dans notre pays. Le jeu politicien de circonstance en a décidé autrement. D’où la proposition avancée par la toute jeune et nouvelle présidente du groupe « Ensemble-Renaissance » à l’Assemblée nationale, Aurore Bergé, députée des Yvelines, qui a « sauté » sans tarder sur l’aberrante décision de trois juges transformés en talibans pour marquer d’entrée son territoire. Et porter le débat forcément sur la scène nationale. Elle ne pouvait bien sûr, avec l’assentiment de la Première ministre (très favorable) et du président de la République, que jouer gagnante surtout avec le groupe de la France insoumise, qui, il y a trois ans, avait tenté en vain de faire passer une telle loi « marbrée » alors rejetée par le groupe « En Marche » et sa présidente de la commission des lois, Gaël Braun-Pivet, appelée demain mardi à décrocher le perchoir de l’Assemblée nationale et succéder à l’un des grands battus des législatives, Richard Ferrand.

Il suffit d’une effroyable décision « yankee » et on s’engouffre allègrement dans la brèche de toute urgence d’un malheureux calque américain. Qu’il ne faut évidemment pas reproduire. Et là de toute urgence…Il y a tant de dossiers prioritaires sur la table de ceux qui nous gouvernent ! Pas de panique…Priorité d’abord aux coups de pouce liés au pouvoir d’achat de nos compatriotes dès juillet.