Déjà une première polémique…à quelques pas de l’Hémicycle mais à l’extérieur du court comme à Roland-Garros ou Wimbledon. « Out-door » donc dans les couloirs, lorsque la doyen de l’Assemblée, José Gonzales, 79 ans, député marseillais du Rassemblement national, après son discours d’introduction de la nouvelle législature n’appelant pas de critique particulière, (son émotion de pied-noir arraché de sa terre natale en 1962 ne pouvant être sujette à caution) n’a peut-être pas eu en revanche les mots les mieux choisis lorsqu’il a été « harcelé » par les journalistes sur les crimes passés de l’OAS, premiers soutiens du patriarche du FN, Jean-Marie ! Ses interlocuteurs espéraient bien sûr le piéger et un dérapage à leurs micros…A moitié réussi.
Il va peut-être, le « papi-cacou » , se faire un peu taper sur les doigts par sa présidente qui a appelé ses troupes à faire preuve d’une grande sobriété. On peut alors mettre dans la balance les propos beaucoup plus polémiques et ridicules de Jean-Luc Mélenchon sur l’abstention des parlementaires du RN lors du second tour de l’élection de la nouvelle présidente, Yaël Braun-Pivet, (ce qui a évité un troisième tour au résultat connu d’avance) insinuant au passage qu’il ne s’agissait là que d’une première marque de connivence entre le parti majoritaire et l’équipe de Marine Le Pen. Fadaise. Grotesque comme le fut le « vent » d’un des deux plus jeunes élus avec celui de Polynésie, une tête connue en dépit de son très jeune âge (21 ans) Louis Boyard, l’une des figures trop vue alors qu’il était à la tête d’une association « d’aboyeurs » de lycéens puis manifestant très politisé déjà pendant la crise des Gilets jaunes. De la bonne graine d’insoumis qui refusa à la tribune de serrer la main à un ancien journaliste devenu porte-parole, puis élu régional et enfin député du RN, Philippe Ballard. Quel mal élevé. Un « zadiste débraillé » comme l’a « habillé » Jordan Bardella. Certes un détail mais qui en dit long néanmoins sur l’attitude de certains. Le jeune « braillard » pour qui tout semble permis, du haut de ses 21 ans, (comment a-t-il pu être élu ?) a aussi été imité avec comme cible un autre député RN par l’inévitable grande républicaine, mais néanmoins très sectaire, Danièle Obono. Il est bon de ne pas confondre le combat politique et la politesse minimale. La savoir-vivre entre collègues n’est pas facultatif sauf chez certains extrémistes. Ca promet.
Et pas plus tard que demain jeudi où une belle foire d’empoigne entre opposants s’annonce gaiement pour l’élection du président de la prestigieuse et importante commission des finances. Pour un duel viril d’hommes entre le « grand économiste » Eric Coquerel pour la France insoumise et un non moins grand spécialiste des finances, Jean-Philippe Tanguy, tout aussi apparatchik que le premier, un ancien de la famille de « Debout la France » de Nicolas Dupont-Aignan.
Le groupe Ensemble-Renaissance, majoritaire, ne prenant pas part au vote, il va peut-être appartenir aux Républicains de jouer les arbitres. Leurs électeurs sont évidemment plus hostiles aux insoumis qu’aux partisans de Marine Le Pen, mais leurs élus eux vont se réfugier, soit à la buvette, soit aux toilettes pour ne pas choisir. « Les commentateurs de salons », pour reprendre une expression d’un des députés LR les plus hostiles au chef de l’Etat, vont s’en donner à coeur joie. De toute façon quelle que soit leur position très inconfortable, ils vont en prendre « plein la gueule » ! Ils n’ont que des claques à prendre.
Evidemment, ça aurait été plus facile, peut-être, si la NUPES n’avait pas choisi l’un des plus radicaux de ses parlementaires accusé souvent d’islamo-gauchisme par ses détracteurs mais plutôt elle une vraie spécialiste reconnue des finances, la socialiste Valérie Rabault. On n’a d’ailleurs pas entendu la voix de ses consoeurs de l’alliance de façade électorale verte et rouge mélenchoniste pour regretter ce choix sexiste…alors que l’autre côté, le camp présidentiel se conjugue au féminin avec une Première ministre et deux présidentes de l’Assemblée et du groupe majoritaire ! Une première pour ces deux derniers postes.
Valérie Rabault devra se contenter d’un lot de consolation: l’une des vice-présidences de l’Assemblée. C’est honorifique et sympa surtout pour se payer nombre de séances de nuit! Et un ancien ministre du Budget, récent transfuge des LR, Eric Woerth, celui de l’un des deux fauteuils de questeur, réservés à la majorité, en parité avec sa collègue macroniste, Marie Guévenoux, une autre ancienne de la maison UMP-LR. Le troisième revenant à l’opposition jusqu’alors représentée par Eric Ciotti sélectionné par les Républicains après le départ d’Eric Woerth. On pourrait là encore assister à un nouveau duel entre le RN et la France insoumise !
Le fromage est gouleyant avec les gros avantages qui sont donnés aux trois heureux chanceux, qui font d’eux les mieux rémunérés avec le locataire de l’Hôtel de Lassay (la résidence présidentielle) avec une prime supplémentaire de 5.000 euros mensuelle et l’opportunité de recevoir dans les salons de son « logement de fonction » beaucoup plus confortable que la chambre-bureau dévolue aux parlementaires dans l’annexe de la rue de l’Université. Très spartiate. Qui sert davantage aux élus éloignés de Paris.
Un peu d’histoire: le premier « questeur » en 1789, fut une personnalité tristement restée célèbre, le docteur Guillotin, connu pour avoir donné son nom à la machine à décapiter les condamnés, même si le mot de questure (qui aujourd’hui gère un budget conséquent de 500 millions d’euros) n’apparut qu’en 1803 sous Napoléon Bonaparte…