La chasse est toujours ouverte! En toutes saisons. La preuve avec ce nouvel épisode d’une série sans fin, mais pas sans faim pour les observateurs de la vie politique et ses acteurs. La tension ne baisse même pas au sein même de l’équipe gouvernementale qui, de façon limitée heureusement, se désolidarise avec un grand courage et d’une partie de la majorité parlementaire qui tire à vue sur l’une des dernières recrues issues de la droite, la maire de Beauvais, Caroline Cayeux. Son crime qui mérite le pire des châtiments : avoir reconnu à l’époque son hostilité à l’égard du « Mariage pour tous » marquée souvenons-nous par de nombreuses manifestations organisées contre la loi défendue par Christiane Taubira avec à chaque fois des centaines de milliers de contestataires dans les rues surtout parisiennes.
Les temps ont changé bien heureusement et personne ou pas grand nombre aujourd’hui se battrait pour déchirer ce contrat de mariage. Caroline Cayeux a surtout eu tort de parler dans son mea culpa de « ces gens là » avec beaucoup moins de talent que Jacques Brel. Une « belle connerie » qui la place aujourd’hui sur un siège éjectable. Les bourreaux sont au pied de l’échafaud.
Ses excuses n’ont visiblement pas entre autres convaincu ses collègues Marlène Schiappa, dont l’esprit de solidarité, entre autres, n’est pas le point fort et le tout nouveau député du « Marais », Clément Beaune, nouveau ministre des Transports, qui en a profité pour faire à son tour son « coming-out » (dont tout le monde se fout) et qui lui a évoqué des « questions de valeurs et principes » rajoutant une pièce vraiment pas indispensable dans ce débat inutile qui va « s’enrichir » ce week-end d’une tribune sur « l’affaire » signée par des anciens ministres et Premiers ministres et même des députés de la majorité. Ces derniers n’ont-ils pas d’autres priorités que de surfer sur un positionnement passé et des déclarations que l’intéressée a jugées elle-même « maladroits et stupides ». Dont acte. Il suffirait de pétitions lancées dans le magazine « gay » Têtu » pour souffler sur les braises et mettre le feu ?
Ces « gens là » sur l’échiquier droit, dont une très forte majorité de ses barons étaient très nombreux à l’époque à s’être mobilisés contre cette loi. Avec une ferveur extrême pour certains d’entre eux que l’on avait retrouvés autour de François Fillon au Trocadéro. Faut-il pour autant les condamner à vie ?
Une mobilisation passée qui a joué des mauvais tours à une virtuelle candidate pressentie à Matignon, la présidente du Grand Reims, Catherine Vautrin. Certains très proches du chef de l’Etat, plutôt marqués à gauche, lui ont bien savonné la planche, afin qu’elle n’accède pas à ce poste de cheffe du gouvernement. Une marque rouge indélébile et débile, tout en étant personnellement très éloigné des anti-Mariage pour tous dont je n’ai nullement partagé les « valeurs ». Actuelles et passées. Tout en étant toutefois pas un chaud partisan, comme beaucoup, dans un premier temps, à cette loi. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.
Notre Président avait eu plus de chance avec ses premiers poids lourds venus de la droite lors de son premier quinquennat. Après un premier petit « poisson », Damien Abad, sacrifié pour des accusations plus graves, liées à des agressions sexuelles, un second donc , Caroline Cayeux, nage dans des eaux troubles. Les carnassiers rodent en meute. C’est toujours très risqué également de s’attaquer aux très influentes et médiatiques organisations lesbiennes, gays, bi et transgenres (LGBT).
La France d’aujourd’hui se transforme de plus en plus en tribunal permanent où toutes les occasions sont bonnes (pas toujours) pour se payer la tête d’un ou d’une ministre, aussi fautif qu’il puisse être le cas échéant. Et ce quel que soit son camp politique.
Les oppositions qui ont une grande tendance à oublier qu’il leur est arrivé, pendant de nombreuses années, d’être aux commandes de l’exécutif n’ont souvent qu’un mot à la bouche: « démission ». Leur amnésie est affolante. Et toute aussi « maladroite et stupide ». Comme celle d’insinuer que ce nouveau gouvernement serait un vivier d’homophobes. Ca m’avait complètement échappé vu sa composition !
On peut aussi être défenseur de la cause homosexuelle sans tomber dans la caricature et jouer un rôle devenant de plus en plus insupportable dans une possible victimisation. Jusqu’à en faire des tonnes ! On se croirait parfois revenus, toutes proportions gardées bien sûr, aux temps sombres de la Libération et de ses excès en terme d’épurations ! Il faut raison garder et ne pas tomber dans ces débats très nauséabonds. Nos préoccupations prioritaires du moment ne sont-elles pas tellement éloignées en effet que de stigmatiser des choix libres et assumés, même si jugés très contestables pour d’autres, d’un passé plus ou moins long ?