C’est politiquement très incorrect et qu’est-ce ça fait mal, alors que nous sommes encore à un taux de chômage de l’ordre de 7,4 %. Et qu’au final, en dépit d’un contexte économique des plus incertains avec une inflation galopante et la poursuite de la guerre engagée par la Russie avec tous ses effets désastreux, ce chiffre stable depuis le début de l’année atteste de la résistance de l’emploi dans notre pays. L’objectif des 5 % souhaité par le gouvernement d’ici à la fin du quinquennat pourrait ne pas être une chimère.
Encore faudrait-il que nos entreprises trouvent enfin des…travailleurs. Et que ces derniers répondent aux sollicitations dont ils ne profitent pas. Pour un grand nombre d’entre eux. Pour des raisons diverses et variées. Le covid est passé par là et les facilités dont ont pu bénéficier (certes à juste titre) un grand nombre de personnes privées de leur emploi à l’insu de leur plein gré, ont éloigné des catégories de personnels à bouder leur secteur d’origine et…attendre ! Une réflexion parfois de longue durée.
Ca fait mal de voir (quel sacré paradoxe !) toutes ces propositions d’emploi affichées trop souvent sans grand résultat sur les portes de nos commerces et les réseaux sociaux et pas seulement celui du secteur de l’hôtellerie-restauration. Chacun dans sa région est bien à même de vérifier par lui même. Et il ne s’agit pas que d’emplois saisonniers sur le bord de mer et des sites touristiques privilégiés. C’est partout la même chose et j’ose croire que tous les patrons ne se conduisent pas comme des esclavagistes patentés. Ils sont même contraints à proposer désormais des hausses significatives (salutaires) de salaires comme jamais ou presque pour dénicher la perle sinon rare, tout au moins celle désireuse de « bosser ». Bénéficiaires d’aides « encore pour un certain temps » ils ne sont pas toujours vraiment encouragés à traverser la rue pour retrouver leur boulot d’origine. Sur lequel ils ont tiré un trait de façon souvent définitive. Il n’est qu’à voir les centaines de milliers d’emplois non pourvus dans la restauration et l’hôtellerie, les plus touchés. Où c’est le plus visible avec pour conséquence un manque à gagner très dangereux pour les gérants contraints de revoir leurs jours d’ouverture à la baisse, faute de personnel, même en zone très favorable. Dans les petites comme dans les plus grandes structures jusqu’aux palaces. Idem pour tous les autres commerces. Où là vraiment il suffit de traverser la rue pour trouver sinon toujours son bonheur mais au moins une opportunité de retour à l’emploi . Du jamais vu. Les exemples pullulent.
Un exemple parmi tant d’autres: il m’a été donné de voir depuis déjà…trois semaines à Saint-Malo, un cadre de vie envié et enviable, une affichette faisant appel aux bonnes volontés pour accepter deux poste de CDD vacants (non saisonniers) d’une durée de six mois susceptibles d’être transformé sen CDI. Les lettres de candidature ne vont pas être malheureusement longues à examiner ! Quelle tristesse répétée ici comme ailleurs. Il s’agit là d’une épicerie fine d’un grand nom (et pas seulement connue au niveau local) spécialisée en fromagerie et produits beurriers. Avec la promesse d’une petite formation en vente et d’un salaire brut de 1.700 euros! Il y a pire a priori. Et des horaires tout de même plus faciles que ceux de la restauration où nombre de candidats refusent désormais de travailler au service du soir et même parfois le week-end ! Sans parler de ceux qui au bout d’un ou deux jours de pratique préfèrent abandonner. C’est trop dur. Ils auraient bien tort de se gêner. Souvent bénéficiaires d’allocations de chômage ils préfèrent aller jusqu’au bout de leur aide. Il ne faut bien sûr pas généraliser et trop désespérer. Mais quand même, ça fait mal…d’en arriver à espérer qu’il y aura un jour un gouvernement assez courageux pour mettre fin aux abus ! C’est loin d’être gagné…et c’est pourtant hélas la seule solution pour éviter ce chômage de masse, qui, aujourd’hui, n’a plus vraiment de raison d’être ! Pour le moment…
PS: Excellente initiative que celle prise sur la Côte d’Emeraude d’ouvrir l’internat du lycée hôtelier de Dinard du nom de son ancien maire et ministre, Yvon Bourges, de façon à faciliter l’accès des saisonniers de la restauration-hôtellerie qui, pour un prix modique, peuvent disposer d’une chambre. Car la chasse au logement pour tous ces jeunes travailleurs, ici comme sur tout l’espace touristique, est loin d’être évidente. Un obstacle supplémentaire pour les professionnels ne disposant pas de possibilité d’hébergement pour attirer leur personnel. Et là aussi la mentalité change dans le bon sens car plusieurs gros employeurs de la cité malouine se trouvent désormais contraints, comme en montagne, de proposer des structures d’accueil pour héberger le plus possible leurs saisonniers.